À Hollywood, la saison des prix bat son plein. Une cérémonie chasse l’autre. Mais les palmarès commencent à se stabiliser et à se ressembler. Dimanche avaient lieu à Los Angeles les Critics Choice Awards, qui réunissent 600 membres des plus grandes organisations de critiques de cinéma américaines. Les votants se sont rangés, comme leurs homologues (et ex-rivaux) des Golden Globes, derrière Oppenheimer

Le biopic que Christopher Nolan consacre au père de la bombe atomique, a poursuivi dimanche sa moisson de prix internationaux en remportant huit récompenses aux Critics Choice Awards : prix du meilleur film, du meilleur réalisateur pour Nolan, du meilleur second rôle pour Robert Downey Jr., en plus de la meilleure photographie, de la meilleure musique, du meilleur montage, des meilleurs effets visuels et de la meilleure distribution. En récupérant sa récompense, Christopher Nolan a remercié les critiques d’avoir «aidé à convaincre le grand public qu’un film sur la physique quantique et l’apocalypse pouvait valoir le détour».

La seule statuette de choix ayant échappé à Oppenheimer ? Celle du meilleur acteur pour Cillian Murphy. Lauréat du Golden Globe du meilleur acteur dramatique, l’acteur irlandais a dû s’incliner devant Paul Giamatti, lauréat du Golden Globe du meilleur acteur comique pour sa performance de prof bougon et élitiste dans le Winter Break d’Alexander Payne. De quoi augurer d’un duel très serré aux Oscars et aux prix du syndicat des acteurs.

Le même scénario s’est répété chez les actrices entre Emma Stone, adoubée par les Golden Globes côté comédie pour Pauvres Créatures, et Lily Gladstone, couronnée pour Killers Of The Flower Moon. Le face-à-face a tourné en faveur d’Emma Stone. Cela ne laisse plus beaucoup de latitude à Sandra Hüller (Anatomie d’une chute) et Carey Mulligan (Maestro) pour percer.

Mais la palme d’or de Justine Triet n’est pas repartie les mains vides. Le film rafle le prix du meilleur film en langue étrangère. Ce trophée rejoint celui décerné, la veille dans la même catégorie, par le cercle des critiques de Los Angeles. Cette pluie de récompenses continue de faire monter la pression sur les membres du comité de sélection du CNC qui a préféré envoyer aux Oscars pour représenter la France La passion de Dodin Bouffant. Il ne leur reste plus qu’à prier fort pour que la fresque culinaire, avec Juliette Binoche et Benoit Magimel, décroche une nomination aux Oscars, le 23 janvier prochain. Anatomie d’une chute peut espérer briller dans les catégories générales où des nominations semblent acquises dans les sections meilleur film, actrice et scénario. Cette dernière est la catégorie qui apparaît la plus gagnable, même s’il faudra se méfier de Winter Break. Sa révélation Da’Vine Joy Randolph s’impose systématiquement chez les meilleurs second rôle féminin.

Le phénomène commercial Barbie repart avec les prix de la meilleure comédie, du meilleur scénario original, de la meilleure chanson et des meilleurs décors, costumes, coiffures et maquillages. Mais comme aux Golden Globes, Barbie accuse un retard qui se creuse sur Oppenheimer. Le film sur la poupée Mattel n’arrive pas à se glisser dans les sections reine même s’il se débrouille bien dans les catégories techniques. Malgré un bon accueil critique Maestro de Bradley Cooper et Past Lives -Nos vies d’avant continuent d’être les malheureux et récurrents perdants de cette saison des prix. Soupe à la grimace identique pour l’épopée américaine de Scorsese Killers Of The Flower Moon.

Côté animation, Spider-man: Across the Spider-Verse, a raflé la mise. En télévision, le tiercé gagnant des Golden Globes Succession, The Bear et Acharnés s’est également répété.

Avec les Critics Choice Awards se clôt la première phase de la saison des prix. Celle dominée par les associations américaines de critiques de cinéma et de séries. Ce sont désormais les talents du septième art qui prennent la main et feront peut-être entendre un son de cloche différent. Les guildes des acteurs, des producteurs et des réalisateurs ont déjà annoncé leurs nominations. Les Oscars suivront mardi 23. Les lauréats des syndicats, dont de nombreux membres votent aux Oscars, seront suivis avec attention car ils annoncent deux fois sur trois l’heureux élu qui repartira avec un Oscar, dont l’édition 2024 aura lieu le 10 mars.