On croyait l’affaire enterrée ; voilà qu’elle revient en majesté. Dans un courrier envoyé au président de la République, début décembre, Mgr Ulrich, archevêque de Paris, a affirmé son souhait de voir commander une série de nouveaux vitraux, afin d’ancrer Notre-Dame de Paris dans son siècle. La lettre, qui résumait plusieurs échanges entre le président de la République et l’archevêque, a été rendue publique par RTL mercredi. Deux jours avant la visite d’Emmanuel Macron sur le chantier, qui entre dans sa dernière année avant la réouverture prévue en décembre 2025, l’Élysée a choisi de remettre le sujet sur la table. «Lorsqu’il sera sur le chantier, le président de la République devrait répondre à la suggestion de Mgr Ulrich, qui l’accompagnera», annonce-t-on à la présidence de la République.

Que peut bien «répondre» le président, si ce n’est pas l’affirmative? Depuis l’incendie de 2019, Emmanuel Macron cherche à marquer la restauration de la cathédrale dans le siècle. Au départ, il avait promu l’idée d’un «geste architectural contemporain», suggérant un concours international d’architectes pour la reconstruction de la flèche disparue. Devant le tollé, il avait renoncé. En 2021, l’idée des vitraux contemporains avait surgi une première fois, par le biais du diocèse de Paris. Là encore, une levée de boucliers avait fait reculer la suggestion, contenue dans un projet plus global d’aménagement de l’intérieur de Notre-Dame. La ministre de la Culture de l’époque, Roselyne Bachelot, avait même indiqué qu’il était «impossible» de créer de nouveaux vitraux sans en démonter d’autres. Chose impossible car, avait-elle martelé, tout était classé dans la cathédrale. La Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA), réunie en conclave, s’était également prononcée contre le projet.

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Cela n’empêche visiblement pas l’archevêque et la présidence de remettre le sujet sur le tapis. «Cela permettrait de laisser une trace du 15 avril 2019 et sur les cinq ans de fermeture» explique-t-on à l’archevêché. Selon nos informations, il s’agirait de créer des vitraux dans les chapelles de la nef. La commande artistique remplacerait des «grisailles» (vitraux non figuratifs ) de l’ère Viollet-le-Duc. Elle serait, avec le nouveau mobilier liturgique commandé à Guillaume Bardet et le nouveau coq qui ornera la flèche, la marque du siècle dans ce monument vieux de 850 ans. La mise en œuvre du projet sera du ressort, en tout état cause, de l’État, propriétaire des murs.