Déjà trois décennies pour le groupe le plus bondissant de la scène française Dionysos. Née à Valence en pleine vague grunge, la petite formation indépendante s’est imposée au premier plan, au fil d’une discographie riche et foisonnante. Surtout, Dionysos a marqué les esprits avec des concerts d’une intensité sans pareille, sous l’impulsion de son leader, Mathias Malzieu, véritable zébulon monté sur ressorts. Un homme à l’imagination débordante, qui conjugue avec succès une double carrière : figure de proue du groupe, mais aussi auteur à succès. À la faveur de la sortie de cet album anniversaire, l’homme publie ainsi, au Livre de Poche, l’intégrale de son œuvre littéraire, (romans, poésie) mais aussi une dizaine de textes inédits.

Sur le disque, Dionysos célèbre son trentenaire avec une pléiade d’invités, qui l’aident à revisiter les pages les plus marquantes de son répertoire, de Matthieu Chedid à Keren Ann, en passant par Clou, Mademoiselle K ou Arthur Teboul (Feu ! Chatterton). On est frappé par la production de l’album. Contrairement à certains disques précédents du groupe, celle-ci restitue pleinement l’intensité scénique de Dionysos. Une option franchement rock, avec des guitares qui sonnent à merveille, prouvant l’apport de chacun des membres du groupe. On salue aussi l’exploit d’avoir duré sans jamais compromettre une vision, celle de Mathias Malzieu, née au sortir de son adolescence, à la singularité jamais prise en défaut.

Dionysos, « L’extraordinarium », 2 LP ou 1 Cd (Tôt ou Tard)

Après avoir sorti de plantureux coffrets aux albums 1999 et Sign’of the Times, Warner, maison de disque historique, consacre un traitement haut de gamme à l’album Diamonds and Pearls, publié par le défunt en 1991. Prince, habitué à se réinventer en permanence, était alors à la croisée des chemins. Depuis le succès phénoménal de Purple Rain, en 1984, il était devenu une star internationale, accompagné par The Revolution. Ce groupe lui avait permis de séduire la frange la plus pop du public, qui avait tôt fait de l’opposer dans un duel aussi absurde que celui qui opposa les Beatles et les Stones à Michael Jackson. S’en était suivie une séquence d’albums époustouflants, marquant l’âge d’or du musicien : Around the World, in a Day, Parade, puis le chef-d’œuvre incontestable, Sign of the Times, en 1987.

Quatre ans plus tard et après plusieurs disques moyens, Prince avait recruté une nouvelle formation, The New Power Generation, avec l’objectif de reconquérir le public afro-américain. Diamonds and Pearls renoue avec l’inspiration la plus funk et soul de Prince, flirtant même avec le hip-hop. Porté par deux singles exceptionnels – «Cream» et «Get Off» – l’album est un grand cru. Il est ici augmenté de pas moins de sept heures de musique inédite : remixes, versions oubliées, titres inconnus, ainsi que deux concerts ! Une plongée en profondeur pour un disque qui ne l’était pas tant que ça à l’origine. Certaines pièces auraient mérité de demeurer inédites, mais on ne va pas bouder son plaisir à explorer les méandres de la psyché d’un des musiciens les plus prolifiques de la pop.

Prince, «Diamonds and Pearls» , Super Deluxe EditionDisponible en édition 7 Cd et 1 Blu-Ray ou 12 LP et 1 Blu-Ray (Warner)