Une nouvelle mezzanine permet de conter sur une cinquantaine de mètres carrés la saga des paquebots, de leur origine de navires de ligne transportant à la fois fret et passagers aux villes flottantes d’aujourd’hui, uniquement pour amateurs de croisières. Grâce à un casque de réalité virtuelle, on visite le Paraguay, un bâtiment à voile et à vapeur lancé en 1888 et qui voguait sur l’Atlantique du Havre à Buenos Aires. «Nous l’avons retenu parce que nous avons ici, dans une vitrine, son tableau ainsi que sa splendide maquette. Elle est sans coque à bâbord et l’on voit donc tout son intérieur, ce qui a permis de réaliser cette simulation», explique le chargé de recherches Gabriel Courgeon.

À ses côtés, la conservatrice et restauratrice de maquettes Élise Bachelet détaille les autres modèles réduits exposés, une petite sélection parmi les 80 maquettes de paquebots de son fonds. De celle du Colomba, sorti en 1878 des chantiers de Glasgow, à celle du gigantesque Wonder of the Seas de 2022. En passant bien sûr par celle du France (fabriquée, puis donnée par un anonyme). Ou même à celle du Silenseas, projet de moindre envergure mais plus écologique, car ce prototype devrait bientôt entériner le retour de la voilure sur ce type de navire.

Entre eux, plans, photos, films, extraits lus par des acteurs de coupures de presse (reportages signés Colette et Blaise Cendrars). Et encore divers objets dont certains sont des reliques. Tels celles du France: transats, cendriers et uniformes du mousse au groom en passant par la blouse des nurses.

À lire aussi «On commence par des idées vagues»: comment a été construit l’Icon of the Seas, plus gros paquebot au monde

La vaissellerie déployée est, elle, celle de la première classe du Normandie (1935, et d’emblée ruban bleu du record de vitesse). Il y a le service du petit déjeuner, celui du déjeuner, un troisième pour la collation et enfin les couverts du dîner. Lalique et Daum voisinent avec des textiles imaginés par Dufy, des panneaux Art déco d’après Jean Dupas. Ces pièces ont échappé à l’incendie de 1942, à New York. Sur les nappes ne manquent que les verres à eau. Mais sans doute étaient-ils de peu d’usage quand les vins fins et le champagne coulaient à flots. Assurément, la clientèle américaine trouvait ici de quoi échapper à la prohibition.

Au mur, sur le fac-similé d’une coupe longitudinale signée Albert Sébille, sont portées jusqu’aux moindres parties de ce palais moderne. Où l’on constate que les passagers disposaient d’un cinéma, d’une chapelle, d’une piscine, d’un magasin de fleurs, d’un salon de coiffure, d’une salle d’escrime. Les enfants avaient un guignol. Aux ponts inférieurs se trouvaient un garage à voitures et un autre pour les aéroplanes. Quant à la cheminée factice – la deuxième des trois, construite pour faire plus beau -, elle abritait un chenil.