«Y’a pas un peu trop de logos, là ?». Lunettes fumées, costume blanc, Michel Polnareff accoudé à un piano pose cette question à un technicien de l’image. Visiblement, le chanteur semble perdu pendant le tournage d’un clip vantant les vertus d’une société de placements financiers nommée Yomoni. Pour cette première apparition dans le monde de la réclame le chanteur, bientôt âgé de 80 ans, a décidé de revenir à ce qui a fait sa gloire et sa renommée, le décalage et l’autodérision. En effet il faut se souvenir qu’il y a plus d’un demi-siècle désormais il avait usé du même procédé lors de la chanson provocatrice Je suis un homme.
Tout dans ce petit clip d’une quarantaine de secondes repose sur le contrepied. Tourné tel un making-of, les techniciens du son, les scripts, les cameramen s’adresse à Polnareff comme s’il n’était qu’un homme-sandwich. La réalisatrice se paye même le luxe de s’adresser directement à l’artiste en lançant à la volée, «On peut se rapprocher un peu plus, sinon on va croire qu’on s’est payé le sosie ?». L’allusion à la pub Cetelem qui avait hérissé Polnareff au point qu’il finisse par pester en justice, – il gagnera le procès -, est à peine voilée.
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Soucieux de préserver sa geste depuis toujours, Polnareff n’avait jusqu’ici jamais osé se mettre en scène dans un clip publicitaire. Ce revirement de jurisprudence est, selon Le Parisien , le fait de l’agence Brainsonic qui a su convaincre le chanteur en lui proposant un scénario décalé, voire à l’opposé de ce qu’il représente aux yeux de ses fans et du grand public. Polnareff a avoué aujourd’hui à nos confrères que c’est l’humour du discours qui avant tout l’avait séduit: «Le second degré assumé du message et le fait qu’on me demande de jouer le rôle d’un Michel Polnareff de fiction m’ont beaucoup amusé».
Si ce premier clip provoque un buzz retentissant, Polnareff a promis d’en tourner un second où il serait question de RIB… La question est de savoir pour lui, si malgré tout, après ça, «il ira quand même au paradis» comme le promettait sa fameuse chanson.