L’affaire Depardieu continue de diviser le monde de la culture. Plus de 600 personnalités ont signé une «contre-tribune» publiée vendredi 29 décembre par le collectif d’extrême gauche Cerveaux non disponibles sur le site Mediapart . Elles entendent protester contre une tribune de soutien à l’acteur, publiée dans les pages du Figaro . L’acteur de 75 ans, tombé de son piédestal après la diffusion d’images où il multiplie les propos misogynes et à caractère sexuel y compris envers une fillette, est visé par trois plaintes pour agression sexuelle ou viol qu’il réfute. Emmanuel Macron avait tenu à souligner que Gérard Depardieu est «un immense acteur, un génie de son art». «Ce n’est pas sur la base d’un reportage qu’on enlève la Légion d’honneur à un artiste parce qu’à ce tarif-là on aurait enlevé la légion d’honneur à beaucoup d’artistes», avait-il ajouté.
«Lorsqu’on s’en prend à Depardieu, ce serait à l’art que l’on s’en prendrait ! Comme si Depardieu représentait l’art en France. Comme si le statut d’artiste ou le talent justifiait un traitement singulier», s’insurgent les signataires parmi lesquels les actrices Corinne Masiero, Judith Chemla et Sophie de la Rochefoucauld (suppléante de la députée LFI Sophia Chikirou), les musiciens Gauvain Sers, Pomme, Vitalic, Médine, la comédienne et dramaturge Noémie de Lattre… «Nous souhaitons avec cette contre-tribune manifester notre désaccord avec cette idée», disent-ils.
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«Nous ne pouvons pas rester muets ! Brisons la loi du silence, contre le silence complice, brisons l’écho de l’impunité. Mettons la lumière sur la vérité et choisissons la fin des zones d’ombre», souhaitent-ils. «Surtout, se réfugier derrière le “laissons faire la justice” ou le pathétique “il faut séparer l’homme de l’œuvre”, c’est accepter de mettre son propre jugement de côté. C’est estimer que nous n’avons aucun rôle à jouer dans l’évolution de notre société. Que nous ne pouvons pas aider et soutenir les victimes», peut-on encore lire dans la tribune.
«Si la remise en cause de l’impunité de Depardieu était une “chasse à l’homme” (expression d’Emmanuel Macron, NDLR), alors comment qualifier les agressions bien réelles que subissent les femmes victimes de violences masculines chaque jour ?», s’interrogent les signataires. «Alors oui, nous allons nous retrouver, nous regrouper, et nous soutenir. Et si cela dérange Depardieu, Macron et 56 “célébrités”’ de la culture, tant mieux», concluent-ils.