Après OrelSan, Taylor Swift et avant M (le 7 décembre) et Beyoncé (le 1er décembre), au tour de SCH, poids lourd du rap français, de passer par la case concert projeté dans des salles de cinéma, transposition amplifiée ces dernières années.
Pour SCH, il s’agit du show du 22 juillet au Vélodrome, célèbre terrain de jeu de l’OM à Marseille, rempli par 53.400 fans pour les dix ans de carrière de l’artiste. Capté par près de 70 caméras, ce concert est programmé en séance unique jeudi dans 200 salles de cinéma en France, Suisse et Belgique. L’incandescence de ce spectacle de près de deux heures traverse l’écran, comme l’a vu l’AFP lors d’une avant-première parisienne la semaine passée. Mais comment est-ce, vécu de l’intérieur ? «C’est la fosse aux lions, du délire», s’amuse SCH, rencontré par l’AFP avant cette projection.
Le rappeur né à Marseille assure que la présence des caméras n’a rajouté «qu’une petite pression» dans une «échéance», remplir le Vélodrome et y chanter, «déjà tellement importante». Pas de regards-caméra répétés pour cette captation. «La réalisation a plutôt travaillé par rapport à comment je suis sur scène, tout le monde devait être synchrone, il n’y a pas eu de hic», déroule le chanteur du titre A7. «On a failli avoir une F4 qui tombe de la scène mais on a sauvé les meubles», rigole-t-il. L’apparition de cette voiture de course (catégorie en dessous de la célèbre F1) est un des moments marquants du spectacle.
L’impression d’embouteillage de ces shows au cinéma en ce moment doit beaucoup à un «effet loupe», décrit à l’AFP Thierry Fontaine, président de Pathé Live, diffuseur, entre autres, de concerts sur grands écrans, proposés à tous les cinémas, salles des grands réseaux ou indépendantes.
Ce responsable y voit «l’impact de la diffusion récente du concert de Taylor Swift et des niveaux de réservation aux USA». Pourtant, rien qu’en 2023, Pathé Live a déjà diffusé les concerts de Billie Eilish, BTS, du trio éphémère Grand Corps Malade/Ben Mazué/Gaël Faye, Metallica, Roger Waters ou encore Johnny Hallyday avec un ancien spectacle remastérisé.
Et cet automne, comme le dit Thierry Fontaine, «après Taylor Swift, OrelSan, il y a SCH, – M – et Beyoncé, même si, pour elle, ce n’est pas 100% concert mais un documentaire avec le processus de création du Renaissance Tour et sa tournée mondiale». «Les concerts projetés au cinéma, ça se fait depuis longtemps, mais avec un tournant pour les musiques actuelles le 27 mars 2014 avec celui de Mylène Farmer en salles en France, Suisse et Belgique, avec plus de 100.000 entrées en une seule séance», note le responsable.
Dans les années 2000, David Bowie proposait déjà son concert de Londres en direct dans les salles de cinéma d’Europe (et en différé ailleurs, comme en Asie). Les concerts dont on parle en ce moment, eux, ont déjà eu lieu.
«Je n’avais pas envie de paraître redondant avec la masse des autres concerts au cinéma donc, au montage, il y a des parties très “clips”, des effets spéciaux» souligne SCH. La post-production se contente de surligner les couleurs des visuels diffusés au Vélodrome. On note aussi un beau ralenti sur Fade Up en duo avec le rappeur belge Hamza, un des pics.
À noter que le concert au cinéma de Taylor Swift, avec 64.000 entrées pour la France, est resté loin des blockbusters du genre : Mylène Farmer, cette fois en 2019 (134.000 entrées dans l’Hexagone), et Indochine en 2022 (119.000). Le résultat de l’Américaine, «qui ferait pâlir d’envie des films classiques», est toutefois moins bon en France «par rapport aux pays anglo-saxons», concède le président de Pathé Live. Car sa tournée n’est pas encore passée par le pays et les fans de la chanteuse «ne voulaient pas de “spoiler”», décrypte Thierry Fontaine. L’artiste souhaitait 15 séances réparties sur quatre week-ends, or «plus on étale les séances, plus on perd le caractère événementiel».