À Nice, les Juniors préparent l’Eurovision comme les grands Il y a les refrains entêtants, les vocalises improbables, les lumières qui claquent, les costumes étranges, les petits drapeaux agités pendant l’interminable classement… mais la France a gagné deux des trois dernières éditions : bienvenue à l’Eurovision Junior, organisé dimanche après-midi à Nice. Au Palais Nikaia, grande salle de spectacle multiforme niçoise, les préparatifs vont bon train depuis près de trois semaines pour installer le plateau et lancer les répétitions, d’abord avec des doublures puis avec les jeunes chanteurs. Les délégations des seize pays engagés sont arrivées dimanche dernier, colonisant tout un hôtel niçois. Autour des concurrents, âgés de 9 à 14 ans, s’affaire en effet une nuée de choristes et danseurs, mais aussi producteurs, coaches vocaux, attachés de presse, sans oublier les parents.
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Des concurrents des années précédentes ont également fait le déplacement, de quoi donner à la semaine, malgré le rythme intense des répétitions et sollicitations, des airs de colonie de vacances internationale qui ont bien plu à Fia, venue représenter l’Allemagne. «Je suis super contente, je me suis fait plein de souvenirs, sur scène et en dehors. Je me suis fait plein d’amis», explique cette petite Berlinoise de 11 ans née à Shanghaï, qui chante en traduisant en langue des signes pour sa petite sœur handicapée. Comme la plupart des autres participants, elle a été repérée à l’occasion d’une émission de télé-crochet de type The Voice Kids dans son pays. De quoi être déjà rodée aux exigences d’un show télévisé, mais l’Eurovision, même en version junior, c’est une autre échelle. «La scène est tellement plus grande ! Je suis vraiment très nerveuse pour dimanche. Et impatiente», explique-t-elle.
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Comme chez les grands, les chansons alternent entre le sobre et l’excentrique, l’anglais et les langues de chacun, la pop et les sonorités traditionnelles. Les âges changent aussi la donne, entre la frimousse de l’Ukrainienne Anastasia, 9 ans, et le «girls band» d’adolescentes britanniques quasi pro Stand Uniqu3. Une tendance très nette se dégage cependant : à l’exception d’un duo néerlandais et d’un trio géorgien mixte, tous les concurrents sont des filles. «Nous, on a gagné avec Lissandro l’année dernière, mais c’est très féminin cette année. J’aime bien l’idée, je trouve ça sympa. Les femmes sont à l’honneur», se réjouit Alexandra Redde-Amiel, cheffe de la délégation française et grande ordonnatrice du show. Bien dans le ton, la Française Zoé Clauzure, 12 ans, assume une proposition très «girly», chantant tout de rose vêtue sur un piano rose en forme de cœur. Déjà très pro, elle enchaîne les interviews avec le sourire. «Le rythme est un peu compliqué mais les répétitions se sont super bien passées, on commence à avoir un bon level», se réjouit-elle. À côté, sa mère réclame du chauffage, inquiète de la voir obligée de répondre aux télévisions dans sa petite robe rose malgré le froid qui règne dans les allées vides et bétonnées du Palais Nikaia.
Dans la grande salle encore vide, chacun a eu droit à deux créneaux d’une grosse demi-heure pour bien caler sa chanson avant la répétition générale de samedi après-midi, dont les images seront envoyées aux jurys de chaque pays. Comme chez les grands, les célèbres «12 points» de chaque jury seront annoncés pendant l’émission dimanche après-midi. Le vote du public, qui comptera pour moitié dans le classement final, est déjà ouvert sur internet. Dérogation de taille par rapport au règlement chez les grands : les téléspectateurs peuvent voter pour le candidat de leur propre pays. Cela n’a pas plombé les petits pays puisque la Géorgie détient le record avec trois victoires depuis la première édition en 2003. Et cela n’explique même pas les deux récentes victoires françaises, alors que la France n’a plus gagné l’Eurovision des aînés depuis 1977 : l’an dernier, la justesse et l’énergie de Lissandro lui avaient avant tout assuré le vote des jurys professionnels.