Deux pièces formidables de férocité et de drôlerie, Les Parents Terribles, vaudeville de Jean Cocteau un temps interdit, et Joyeuses Pâques, boulevard hilarant de 1980 signé Jean Poiret et adapté au cinéma avec Jean-Paul Belmondo, sont de retour à l’affiche à Paris. Au Théâtre Hébertot, Muriel Mayette-Holtz, première femme à avoir dirigé la Comédie-Française, et Charles Berling sont «Les Parents terribles» de cette nouvelle version, mise en scène par Christophe Perton à partir du manuscrit original de 1938. Par deux fois, en 1939 et en 1941, ses représentations ont été interdites sous la pression de la mouvance collaborationniste, qui y voyait «un déprimant spectacle d’une famille française». «Avec une maestria diabolique et tous les codes du vaudeville», selon Christophe Perton, la pièce évoque notamment une mère abusive qui fait tout pour s’opposer au premier amour de son fils.

À lire aussiÊtes-vous plutôt Beckett ou Cocteau? Fin de Partie à l’Atelier et Les Parents terribles à Hébertot

Les Parents terribles de Jean Cocteau en 1948, avec Jean Marais, Yvonne de Bray, Gabrielle Dorziat…

Compagnon de Cocteau, Jean Marais a joué deux fois la pièce, en 1938 dans le rôle du fils et en 1977 dans celui du père. En 1948, il a été aussi enrôlé pour l’adaptation cinématographique. «Cette pièce est toujours très moderne. Elle dit beaucoup sur le couple, la parentalité et ses excès», confie Charles Berling qui, avec Muriel Mayette-Holtz, forme un couple diabolique, à la fois cynique et drôle. Maria de Medeiros (Pulp fiction de Quentin Tarantino) joue la sœur de la «matriarche».

Au Théâtre Marigny, Joyeuses Pâques offre un registre boulevardier moins vénéneux, en s’appuyant sur des quiproquos à n’en plus finir. Alors que son épouse s’est absentée pour le week-end, un homme invite une jeune femme pour prendre un verre. Le rendez-vous est interrompu par le retour inattendu de l’épouse. Son mari tente désespérément de faire passer son invitée pour sa fille cachée.

À lire aussiGeorges Lautner, un pacha du cinéma

Joyeuses Pâques de Georges Lautner en 1984, avec Jean-Paul Belmondo, Sophie Marceau, Marie Laforêt, Michel Beaune, Rosy Varte…

Quarante ans après sa création avec Maria Pacôme et Jean Poiret, la pièce revient avec Gwendoline Hamon, Dominique Frot, Claire Nadeau et Nicolas Briançon, également à la mise en scène, dans la continuité du Canard à l’Orange qu’il a remonté au Théâtre de La Michodière en 2019, avec 7 nominations aux Molières. «Joyeuses Pâques est un boulevard sous acide, un Feydeau moderne… La première pièce féministe où le séducteur de pacotille est réduit en cendres», résume Nicolas Briançon, figure des vaudevilles à succès depuis plusieurs années. «C’est la pièce la plus difficile que j’aie jouée. Chaque réplique est essentielle, comme un jeu de Lego», a-t-il ajouté, regrettant au passage que le théâtre de boulevard «soit si souvent regardé avec commisération».