La manière dont ont été traités les Amérindiens au cours des siècles après la colonisation de l’Amérique par les Européens «reste une plaie à soigner», a déclaré à l’AFP Martin Scorsese en mai à Cannes, où était présenté Killers of the Flower Moon . Ce film, en salle cette semaine, reprend les thèmes classiques de Scorsese, une histoire de violence, de criminels et d’amour mais il est peut-être aussi l’un des plus politiques du réalisateur. Il décrit la façon dont des hommes blancs ont spolié les membres d’un peuple amérindien, les Osage, sur les terres duquel du pétrole a été trouvé pendant les années 1920.

«Peut-être qu’en connaissant notre histoire et en comprenant où nous sommes, nous pouvons faire la différence et être à la hauteur de ce que notre pays est censé être», a déclaré à l’AFP le cinéaste américain, lors de la présentation du film hors compétition au Festival de Cannes.

Si l’intrigue se situe dans les années 1920 dans l’Oklahoma, Scorsese estime que la violence et les crimes mis en scène pourraient tout aussi bien se produire aujourd’hui. Même s’il prend soin de préciser qu’il ne s’agit pas d’un «film à message» qui ne parlerait qu’aux convaincus et «s’écarterait de l’humanité» des personnages.

«Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un film d’époque. Les questions sont les mêmes qu’aujourd’hui. J’espère que la démocratie va survivre bien qu’elle soit parfois très fracturée. Mais le pays est toujours jeune, il souffre toujours de ses blessures de jeunesse. Ce film est une façon de reconnaître cela au moins», déroule le réalisateur.

Scorsese confie avoir longtemps rêvé de réaliser un western, un style de films qui a connu son apogée «au XXe siècle et qui a disparu aujourd’hui». «J’adorais les westerns, ils reflètent qui nous étions à l’époque et qui nous sommes toujours, à certains égards», poursuit le cinéaste.

Killers of The Flower Moon joue avec ce genre, renversant les camps du bien et du mal avec son cow-boy arrivant en ville pour y jouer un rôle extrêmement trouble. Son regret ? Le film se déroule pendant la prohibition, dans un Etat où la consommation d’alcool était interdite par la loi: «J’ai toujours imaginé me rendre dans un saloon ou un bar, j’aurais pu faire de grandes scènes (dans ces lieux). Mais ça n’existait pas» à l’époque.