Plus de vingt ans que les quatre musiciens parisiens ne s’étaient pas réunis en studio ! L’annonce d’un nouvel album de FFF en 2023 avait de quoi surprendre, mais les premières minutes d’écoute de I Scream lèveront toutes les réticences : on se croirait revenus à l’époque de l’Hôpital Éphémère à la fin des années 1980, à l’époque où le groupe animait cette friche artistique parisienne. FFF a été pionnier d’une fusion entre rock et funk (le fonk!) qu’ils ont déployée à l’envi tant sur disque que sur scène au fil de la décennie suivante. Pourtant, on avait senti une certaine usure poindre. Chacun est allé explorer des chemins différents. Le guitariste Yarol Poupaud s’est illustré en tant que directeur musical de Johnny Hallyday dans les dernières années de la carrière de ce dernier, tandis que le chanteur Marco Prince, le batteur Krishoo et le bassiste Niktus se consacrent au théâtre et au cinéma en qualité de compositeurs. Amorcées sur scène voici une poignée d’années, ces retrouvailles tiennent toutes leurs promesses sur cet album ramassé et énergique, qui sait aussi s’offrir des respirations. Issues de longues improvisations, les chansons ne négligent jamais la musicalité, sans tomber dans les «plans» un peu prévisibles de ce type d’alliage. On a appris à se méfier des troisièmes mi-temps, mais les quatre quinquagénaires déploient ici une vitalité qui fait mentir leur état civil. Vivement les concerts : sur scène, le groupe n’a jamais déçu. Et les compos de ce disque constituent le matériau idéal pour y rejoindre leurs classiques.

Je crie, FFF (Verycords)

Le chanteur le plus élégant de la planète s’est fait très discret ces dernières années. Amorcé en 1972 avec le très sous-estimé groupe Roxy Music et poursuivi en solo, son parcours n’a jamais déçu. Le voici qui se rappelle à notre bon souvenir avec la réédition d’un de ses meilleurs albums solo. Sorti initialement en 1994, Mamouna, 9e album du chanteur, interrompait un silence de 7 ans. Il marquait notamment la première collaboration avec Brian Eno depuis le départ de son dernier de Roxy Music, en 1973. On y entend un aréopage de musiciens aussi prestigieux que Nile Rodgers, Robin Trower, Nathan East et bien d’autres. Le timbre velouté de Bryan Ferry illumine les chansons originales. Mais la véritable révélation de cette réédition soignée est la présence d’un deuxième album, Horoscope. Il s’agit en réalité de la première version de travail de Mamouna, et celle-ci s’avère supérieure à l’album en lui-même, ce qui n’est pas fréquent. On sent Ferry et les musiciens plus impliqués sur ces premières prises que sur Mamouna, disque peut-être trop produit à force d’avoir été peaufiné en studio de longues années. On ne peut qu’espérer d’autres révélations à venir, et prier pour que Ferry réédite l’excellent Frantic de 2002, faute de nous proposer du neuf.

Mamouna, Bryan Ferry