Le préfet de police Laurent Nuñez a dit mardi avoir «encore des interrogations» sur la dernière version du projet défendu par Anne Hidalgo de végétalisation et de piétonnisation de la perspective entre Trocadéro et tour Eiffel. Une précédente copie présentée par la mairie avait été bloquée par la préfecture en 2022.

Le projet baptisé One prévoyait pour les JO de 2024 la fermeture à la circulation sur la moitié de la place du Trocadéro, transformée en théâtre de verdure, ainsi que la piétonnisation du pont d’Iéna planté d’arbres et la réfection du Champ-de-Mars, avec l’installation d’une consigne au pied de la tour Eiffel. Mais depuis, le dossier est allé de déconvenue en déconvenue : crise sanitaire, fronde des riverains et des trois maires d’arrondissement de droite concernés, dont Rachida Dati à la tête du VIIe arrondissement, polémique sur les arbres abattus au pied de la tour Eiffel et veto du préfet de police précédent Didier Lallement.

«Au moment où je vous parle, il subsiste encore des interrogations (…) sur plusieurs points», a expliqué en Conseil de Paris l’actuel préfet de police Laurent Nunez, intervenu lors d’un vœu de l’exécutif parisien visant à relancer ce projet contesté «dès le mois d’octobre».

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«D’abord, le projet tel qu’il est présenté à mes services (…) n’est pas tout à fait le même que celui que nous avions précédemment examiné», avec «un certain nombre de voies, d’avenues dont le sens de circulation a pu changer» ou «une piste cyclable qui n’était pas prévue», a-t-il détaillé.

Le «deuxième sujet», c’est que l’étude de trafic qu’il a reçue fin 2023 de la mairie «laisse à penser qu’on a toujours, sur certains axes (…) importants pour la circulation des véhicules de secours et de santé, des embarras», notamment «le pont de l’Alma, la Concorde, l’avenue Mandel». «Tout cela justifie que nous travaillions encore ce projet», a-t-il ajouté.

En mai 2022, le précédent préfet Didier Lallement avait mis son veto au projet «One», craignant des «reports de circulation importants» et «des retenues» susceptibles de gêner les secours. Saisie par la ville, la justice administrative avait ensuite donné raison à l’État, en première instance puis en appel. «En l’état du dossier, le préfet de police n’est pas conduit à revenir sur la position qui a été exprimée», a résumé Laurent Nuñez.

Déboutée par la justice administrative fin 2022 puis début 2023 en appel, la mairie a conclu que le projet «n’avait pas vocation à être mis en œuvre en tant que tel», comme le reconnaissait le premier adjoint Emmanuel Grégoire mardi matin. Mais les Jeux olympiques offrent à Anne Hidalgo une nouvelle fenêtre de tir : au Trocadéro, une «tour de diffusion des images télévisuelles contribuera à réduire la place de la voiture», a-t-elle souligné en Conseil de Paris. La mairie a donc ressorti le dossier sous «une forme modifiée soumise à la préfecture de police», a précisé Emmanuel Grégoire. L’exécutif de gauche demande désormais la «piétonnisation et la végétalisation de la place du Trocadéro et du pont d’Iéna» seuls, sans la tour Eiffel et le Champ-de-Mars, et ce «dès le mois d’octobre».

La nouvelle ministre de la Culture Rachida Dati, issue de LR et opposante parisienne à Anne Hidalgo, a dénoncé un nouveau «coup de force» alors que le projet semblait «abandonné». Le représentant de l’État s’est toutefois montré ouvert à un réexamen, sur la base des documents techniques promis par la mairie. Ceux-ci vont être transmis «très vite», a assuré Anne Hidalgo, pressée de pouvoir «avancer sur ce projet fondamental».