Si tout se passe comme prévu, Le Panier de fraises des bois , de Jean-Siméon Chardin (1699-1779), ira au Louvre. C’est en effet à ce tableau que se dédie l’édition 2023 de «Tous mécènes !», campagne qui, chaque année depuis 2010, en appelle à la générosité du public pour un enrichissement patrimonial jugé prioritaire : restauration, acquisition ou projet muséographique.

« Nous avons déjà l’assurance que le premier groupe mondial de luxe LVMH (près de 80 milliards d’euros de ventes en 2022, NDLR) participera aux deux tiers de la somme nécessaire. Soit environ 15 millions d’euros sur 24,3, a annoncé Laurence des Cars, présidente-directrice du musée lors de la conférence de presse de lancement mardi par la ministre de la Culture Rima Abdul Malak. Et de préciser qu’une autre entreprise privée est engagée pour 1 million d’euros, avec la Société des amis du Louvre pour 500.000 euros. Le Louvre complétera en puisant dans son budget propre d’acquisition adossé à sa billetterie (13 millions d’euros). Il escompte des particuliers environ 1,3 million d’euros, soit un peu plus que ce qui avait été récolté en 2022 à l’issue de la campagne d’acquisition de la tabatière Choiseul (5000 donateurs).

« Le Panier de fraises des bois, dernière huile de cette qualité encore en mains privées, est le septième “trésor national” que nous contribuons à acheter, commente Jean-Paul Claverie, conseiller de mécénat de LVMH. Elle a été présentée régulièrement dans des expositions au XXe siècle. En 1999, elle faisait l’affiche pour la rétrospective organisée au Grand Palais par Pierre Rosenberg. » Depuis, l’icône de la maturité de Chardin s’impose comme un des jalons dans l’histoire de la peinture de nature morte occidentale.

Le 23 mars 2022 elle avait été emportée aux enchères chez Artcurial Paris par Adam Williams, galeriste américain qui agissait alors peut-être pour le Metropolitan Museum of Art de New York ou du Getty de Los Angeles. Il avait mis sur la table 24,3 millions d’euros, record mondial pour un tableau français du XVIIIe siècle (et le double de l’estimation basse). Le Panier de fraises des bois avait toutefois été reconnu « trésor national » à l’instigation de Laurence des Cars, qui avait interpellé la ministre de la Culture d’alors, Roselyne Bachelot. Conséquence: le permis d’exportation n’avait pas été délivré, la puissance publique se donnant trente mois pour réunir la somme.

Une chose possible, surtout depuis la loi de 2002 qui permet aux entreprises une défiscalisation de 90 % de leurs dons, plafonnés à 50 % de leur impôt société. Du gagnant-gagnant, tant pour le musée que pour le mécène dont l’action se voit médiatisée. Au printemps, le musée comptera donc probablement un 42e Chardin.

Le Panier de fraises des bois est visible en salle 831 du Louvre, aile Richelieu, 2e étage, au moins jusqu’à la fin de « Tous mécènes ! » fin février. Pour donner : par chèque à l’aide d’un bulletin à télécharger sur donate.louvre.fr et à retourner par courrier.