Le Mur pour la paix cherche encore un nouveau point de chute. Dans une décision du 6 juillet, le tribunal administratif de Paris a annulé pour «vice de procédure» le permis de construire encadrant l’érection du monument sur l’avenue de Breteuil (XVe). La structure, signée de l’artiste Clara Halter, a été élevée sur le Champ-de-Mars en mars 2000. Elle a été démontée en 2020 pour faire place au Grand Palais éphémère.

En quête d’un nouvel emplacement, l’œuvre, sur laquelle figure le mot «paix» en 49 langues, devait être remontée avenue de Breteuil. Mais c’était sans compter l’opposition d’une partie des riverains. Un recours contre son installation a été déposé il y a deux ans. Malgré un délai supplémentaire accordé en septembre par le tribunal administratif à la Mairie de Paris, cette dernière n’aurait pas pu obtenir un avis favorable des Architectes des bâtiments de France (ABF). «L’ABF a été normalement consulté dans le cadre de l’instruction du permis de construire et a un rendu un avis simple favorable», rapporte de son côté Laurent Roturier, directeur général des affaires culturelles d’Île-de-France, dans les colonnes du Parisien .

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La décision suscite l’amertume de Marek Halter, époux de l’artiste aujourd’hui disparue. « L’erreur que j’ai faite est d’avoir donné mon accord pour qu’on déplace le mur. On m’a promis que ce serait reconstruit dans un endroit prestigieux et l’avenue de Breteuil correspondait», explique l’écrivain au Parisien. Le Mur pour la Paix a été entièrement repensé par Jean-Michel Wilmotte, afin d’être édifié sur l’avenue de Breteuil. «Il est important qu’un tel monument puisse susciter un maximum d’adhésion, estime l’architecte. Si cela ne convient pas avenue de Breteuil, je suis ouvert à la discussion pour d’autres endroits. Il est par contre essentiel que le mur existe compte tenu de sa signification». Une pétition avait été lancée par des habitants du quartier opposés à l’installation du Mur de la paix sur l’avenue et avait recueilli près de 10.500 signatures.

Le tribunal administratif de Paris annonce également indemniser à hauteur de 1500 euros tous les requérants, soit trois associations et 126 riverains de l’avenue de Breteuil, représentés par l’avocat Théodore Catry. «Je suis satisfait de cette décision qui récompense les efforts que nous avons déployés. Je m’en réjouis d’autant plus qu’il s’agit d’un rare cas d’annulation totale dans un contexte où les décisions de justice ont généralement tendance à protéger les porteurs de projets beaucoup plus que les défenseurs du patrimoine», précise-t-il.

Si la Mairie de Paris décide d’interjeter appel, l’association Urgences Patrimoine annonce qu’elle poursuivra la mobilisation. Selon sa présidente, Alexandra Sobczak-Romanskiski, «le plus urgent serait de se creuser la tête pour trouver un autre endroit au Mur pour la Paix». De son côté, la Ville de Paris « analyse les suites qu’il convient de donner à la décision rendue et conviera le porteur du projet afin d’échanger avec lui sur les suites à donner à la décision».