Le musée J. Paul Getty de Los Angeles va restituer à l’Italie, leur pays d’origine, les sculptures en terre cuite antiques formant l’exceptionnel ensemble Orphée et les Sirènes. Représentant le héros mythologique pratiquement en grandeur nature, le groupe fait partie des plus belles pièces du musée, où il est exposé depuis plus de quarante ans.

De récentes recherches prouvent que plusieurs des pièces exposées, dont l’Orphée, ont été volées ou proviennent des fouilles illégales. «Grâce aux informations fournies par Matthew Bogdanos et l’unité de trafic d’antiquités du bureau du procureur du district de Manhattan indiquant l’excavation illégale de L’Orphée et les Sirènes, nous avons déterminé que ces objets devaient être restitués», a déclaré Timothy Potts, directeur du J. Paul Getty Museum, dans un communiqué rapporté par le Los Angeles Times .

Selon le Getty, le groupe de personnages, datant d’environ 350 à 300 avant notre ère, est susceptible d’avoir autrefois décoré une tombe. «À l’origine peint de couleurs vives, cet ensemble sculptural à grande échelle est un exemple exceptionnel de la production de terre cuite caractéristique des colonies grecques du sud de l’Italie», mentionne le dossier de l’œuvre. Orphée et les Sirènes, qui représente le héros à la lyre assis avec deux sirènes, a été acheté par J. Paul Getty en 1976, auprès de la Banque Leu, établissement suisse aujourd’hui disparu. L’ensemble aurait été acquis sur les recommandations de Jiri Frel, un archéologue, à l’époque conservateur des antiquités de l’institution. Pour son mérite, il a transformé le musée en un centre reconnu de la culture grecque et l’art romain. Mais, Jiri Frel a démissionné en 1986 après des révélations prouvant qu’il avait mis en place des manipulations fiscales dans le but d’élargir la collection du muséum.

Orphée et les Sirènes est la principale œuvre concernée par les restitutions en cours à avoir été exposée au public ces dernières années. Depuis que le musée a annoncé publiquement, le 11 août, le retour des objets pillés à l’Italie, la sculpture a été retirée de la vue des visiteurs. Le groupe, ainsi que quatre autres objets, seront envoyés à Rome à partir de septembre. La restitution comprend ainsi trois pièces acquises par J. Paul Getty dans les années 1970 et une dans les années 1990 : une tête colossale en marbre d’une divinité du IIe siècle, un moule en pierre du IIe siècle pour couler des pendentifs et une peinture à l’huile de 1881 de Camillo Miola intitulée L’Oracle sont entrés dans les collections il y a une cinquantaine d’années. La dernière est un thymiaterion en bronze étrusque du IVe siècle avant notre ère, acheté en 1996.

Le Getty a déjà restitué des dizaines d’objets à l’Italie ces dernières années, mais la direction de l’établissement a résisté à d’autres demandes. Malgré une décision de 2018 de la plus haute cour d’Italie, il doit par exemple rendre une statue en bronze d’une jeune Victoire mais le musée conteste toujours cette décision et en revendique la légitime propriété. En mars, un archéologue a également prouvé que des éléments d’une mosaïque exposés au musée américain étaient passés dans les mains d’un trafiquant d’antiquités avéré. Mais le musée n’a pas commenté ces dernières découvertes.

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