Crâne rasé, lunettes de soleil, sourire carnassier ; dans la peau de Gabriel Matzneff, l’acteur Jean-Paul Rouve apparaît méconnaissable, comme en témoignent les premières images du film Le consentement, adapté du témoignage de Vanessa Springora. Mise en ligne jeudi, la bande-annonce dévoile les prémices de la rencontre entre Vanessa, 13 ans, et l’écrivain quinquagénaire, au milieu des années 1980, dans une atmosphère aussi glaçante que troublante de réalisme. Prénoms identiques, mêmes apparences ; ce qui est devenu «l’affaire Matzneff» se rejoue à l’écran.

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Incarnée par Kim Higelin, la jeune Vanessa «devient l’amante et la muse de cet homme célébré par le monde culturel et politique. Se perdant dans la relation, elle subit de plus en plus violemment l’emprise destructrice que ce prédateur exerce sur elle», indique le synopsis. À l’écran, on aperçoit Matzneff à la sortie du collège, tandis que les paroles subjuguées d’admiration de la jeune fille résonnent en arrière-plan: «Il m’aime, il me l’écrit.» La mère de Vanessa, jouée par Laetitia Casta, tente de s’opposer à cette relation, qui durera deux ans.

Réalisé par Vanessa Filho, le long-métrage adopte l’émotion du livre, publié en janvier 2020. Sa parution avait entraîné l’ouverture d’une enquête par le parquet de Paris pour «viol sur mineur de 15 ans». «On sait bien que les vieux messieurs attirent les petits enfants avec des bonbons ; Monsieur Matzneff, lui, les attire avec sa réputation.» La bande-annonce touche à sa fin ; depuis un écran de télévision installé dans le salon de Vanessa, enfant, l’écrivaine québécoise Denise Bombardier s’insurge, seule, de la complaisance à l’égard de Gabriel Matzneff, présent sur le plateau de l’émission Apostrophes, en 1990. Intégrée au film, la séquence trouve une résonance pour le moins dérangeante face à l’incarnation du traumatisme de Vanessa Springora – et tant elle paraît inconcevable.

Le film est attendu en salle le 11 octobre.