Place aux Jeux olympiques! Sous le chapiteau du Phénix, pelouse de Reuilly, les artistes du Cirque de Pékin exaltent les valeurs du sport dans un décor de tour Eiffel. Cela leur va comme un jogging à une équipe de compétition. Ils arrivent des coulisses dans l’ombre de la tour avec valises à roulettes et sac à dos. C’est parti pour deux heures de show. À peine le temps d’un 1000 m, et on envoie la suite des épreuves.
Pour le reste, ces quarante artistes venus de Dalian, dans le nord de la Chine, sont de drôles d’athlètes qui, à la compétition, préfèrent l’esprit d’équipe, et lancent leur partenaire comme d’autres le poids, mais sans avoir de biscotos. Alain Pacherie, le metteur en piste du spectacle, leur a réservé des épreuves pas tout à fait homologuées. Qu’est-ce que le Comité olympique penserait de la spirale des diabolos, des cannes oscillantes ou du vélo acrobatique?
Une beauté vêtue de rouge s’allonge sur un support, pieds en l’air, tête en bas. Ses assistantes portes des ombrelles imprimées des drapeaux du monde entier. Un à un, elle les saisit avec ses pieds et en assemble huit à droite comme les anneaux du logo olympique et un peu moins du pied gauche. Pour construire cette figure, elle les a fait bondir d’un pied à l’autre. On comprend que dans le numéro suivant, un groupe de gars envoient en l’air leurs chapeaux ! Ils en ont deux ou trois chacun. Les supporteurs chinois en ont bien besoin pour saluer l’exploit!
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Leurs athlètes, eux, ont besoin de soutien. La musique qui jaillit à flot remplace sifflets d’arbitres et roulements de tambour. Mais le défi est bien là. Cinq filles flottent dans leurs cerceaux aériens, deux se contorsionnent, l’une servant de support à l’autre, un couple s’enlace dans les airs drapé dans un tissu. Les plus spectaculaires sont les équilibristes. Un garçon sur des cannes oscillantes, une fille sur une pyramide de chaises. Les voilà chacun à leur tour défiant les lois de la gravité dans des grands écarts et des équilibres sur une main, à 15 mètres du sol. Gymnastes des cimes, ils se meuvent à cette altitude avec d’infinies précautions sans oublier la grâce et la musicalité.
Le cirque chinois met sur la scène les objets du quotidien. Pas de vaisselle, ni assiettes, ni potiches. On a bien les ombrelles et les chaises, mais aussi des pneus de voiture que neuf antipodistes envoient dans les airs. L’invention laisse une part aux disciplines olympiques. On grimpe à la perche, mais autrement. L’exercice serait trop simple. Les perches se balancent et ceux qui les escaladent sautent de l’une à l’autre. Forêt de lianes qui basculent, qu’on attrape au vol.
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Même surenchère pour le vélo. Les cousines bridées de Jeannie Longo se lancent à six sur la piste. On a beau être au cirque, loin d’elles l’idée de tourner en rond. Elles sautent d’un vélo à l’autre, restent à deux sur chacun, changent de partenaire, puis à trois. Paradent dans les allées des animaux drôlement gonflés. On retient son souffle, on bat des mains. Prêts pour les jeux du cirque ?
Pelouse de Reuilly jusqu’au 14 janvier 2024, puis en tournée dans les Zénith de France.