La scène se passe dans une petite rue piétonne du centre de Paris. En bas de chez elles, Katia et Marielle Labèque attendent un VTC. Quand le véhicule arrive, le chauffeur, à la vue de leurs nombreux bagages, leur lance un laconique et discourtois « Il y en a trop ». « Il va falloir trouver une solution », lui rétorque Katia, non moins déterminée. La discussion s’engage, une solution (financière) est enfin trouvée et tout l’équipage embarque pour l’aéroport. Eh oui! Deux solistes de renommée mondiale ne partent pas en tournée internationale avec un simple bikini dans un sac à dos !

Ainsi va la vie des sœurs Labèque, ponctuée par ces tournées et les centaines de concerts qu’elles donnent chaque année. Ces deux interprètes inépuisables ont ceci d’unique qu’elles ne s’enferment jamais dans un genre musical. Toujours prêtes, derrière les claviers de leurs pianos et malgré leur côté grandes dames du classique, à risquer l’aventure. Comme au festival de Jazz in Marciac, quand elles se sont lancées dans un incroyable Boléro accompagnées de percussions basques.

Aujourd’hui, elles s’attellent à l’une des merveilles peu connues du répertoire : les Suites pour piano de Philip Glass. Elles ont rebaptisé Orphée, La Belle et la Bête et Les Enfants terribles Trilogie Cocteau. Un ensemble extraordinaire qu’elles viennent de donner à la Philharmonie de Paris. Que ceux qui auraient manqué cette soirée remarquable se consolent : Les sœurs Labèque ont enregistré ce programme en CD, et s’apprêtent à le jouer dans toute la France. De la très grande musique.

CD chez Deutsche Grammophon. Concerts à Lille le 15 mai, Lyon le 9 octobre…