Pour le troisième film des aventures d’Ant-Man, l’homme-fourmi, Marvel a mis les petits plats dans les grands. Non seulement, ce nouveau film poursuit l’expansion de l’univers cinématique Marvel (MCU). Ce 31e film de la franchise développe des passerelles entre tous les multivers qui coexistent entre chaque série de films. Mais le plus important, c’est qu’il met en place un successeur à Thanos, le «Dark Vador» de Marvel déchu à la fin de Avengers Endgame.

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Ce nouveau super-méchant nommé Kang le Conquérant, a été créé par le scénariste Stan Lee et le dessinateur Jack Kirby, en octobre 1963 et apparaît pour la première fois dans le comic book Fantastic Four n°19. C’est l’acteur Jonathan Michael Majors, découvert dans la série horrifique pour HBO Lovecraft Country, qui l’incarne sur grand écran. Il répond aux questions du Figaro.

LE FIGARO. – Le personnage de Kang s’apprête à occuper une place importante dans le MCU au cours des prochaines années. Dites-moi comment s’est déroulée votre audition pour le rôle ?

Jonathan MAJORS. – Alors, j’ai une nouvelle pour vous! Je n’ai eu à convaincre personne pour obtenir le rôle de Kang le conquérant. Je ne savais même pas que j’allais incarner ce super-méchant lorsque les dirigeants de Marvel Studios m’ont invité à rejoindre l’Univers Cinématique Marvel (MCU). Je me souviens avoir reçu un coup de téléphone où Peyton Reed a commencé à me parler d’un rôle qui pourrait être parmi les plus importants du MCU. Tout a commencé comme ça. Ensuite, j’ai rencontré le réalisateur et toute son équipe, les uns après les autres. J’ai participé à la première saison de la série Loki où mon personnage apparaît. Du producteur au réalisateur, chacun m’a parlé du personnage de Kang. Ils m’ont dit pourquoi ils pensaient que je pourrais jeter un œil à ce méchant. J’ai assez rapidement accepté leur proposition. J’étais flatté et honoré qu’on ait pensé à moi. J’ai donc construit le personnage avec l’aide de tout le monde, et dans la continuité de mon rôle dans la série Loki.

Ce nouveau super-méchant fait preuve d’un calme effrayant, d’une séduction et d’une profondeur abyssale. Il est doté d’une ambition assez inédite, peut-être plus subtile que chez Thanos. Comment avez-vous travaillé ce rôle avec le réalisateur et avec les autres acteurs?

En fait, travailler avec les acteurs du film a été la partie la plus facile. Le casting est si bien rodé. L’univers d’Ant-Man est si solide, que tous les acteurs savent ce qu’ils ont à faire, tout en étant tout à fait souples. Pour vous dire la vérité, le tournage a été très drôle, un travail léger. Avec Paul Rudd, nous avons construit nos scènes de manière tout à fait agréable. C’était très intéressant. Mais le plus important pour moi, c’est d’assimiler la notion de temps. Il a fallu que j’absorbe ce que signifiait la notion de temps pour le personnage de Kang.

C’est-à-dire?

Kang le Conquérant possède une compréhension absolue du temps. C’est cette conception qu’il fallait je maîtrise avec toute l’équipe de Marvel. Il m’a fallu étudier la manière dont il se comporte avec les humains. Le calme dont il fait preuve, sa présence à l’écran. Toutes les nuances de son caractère sont reliées à sa manière d’aborder la temporalité, selon moi. C’est pourquoi je me suis posé pas mal de questions. Comment se déplace-t-il? Comment bouge-t-on quand on a tout le temps du monde? Comment s’exprime-t-on? Cela pose des problèmes de rythme. Mon phrasé s’en est trouvé modifié. Sans compter le fait que ce personnage est capable de parler une infinité de langues différentes. Lorsqu’il s’adresse à ses interlocuteurs, Kang doit s’ajuster à la vitesse de compréhension des individus auxquels il fait face. Ce sont toutes ces questions pratiques, concrètes, auxquelles nous avons tenté de répondre en jouant de ma présence et de tout mon jeu d’acteur.

Selon vous, que symbolise le personnage de Kang dans l’univers Marvel?

Avant tout, une nouvelle et grande menace! Et un énorme point d’interrogation pour les Avengers qui vont être amenés à le combattre dans les prochains films Marvel. Et puis Kang nous renvoie à notre propre relation au temps. De quelle manière pouvons-nous essayer de contrôler le temps qui passe? Le temps touche tout le monde et toute chose. Kang est partout à la fois. Une version de lui existe dans tous les multivers de Marvel.

Les enfants qui le voient arriver peuvent sans doute mieux l’appréhender que leurs parents car ils sont nés avec le web et les réseaux sociaux…

Oui, vous avez raison. Depuis que l’univers Marvel a été mis en place au cinéma, nous le voyons toujours en pleine expansion. Il a mûri et atteint un certain degré de sophistication. C’est au cœur de cette complexité que s’inscrit ce personnage pour les prochains films. C’est également une opportunité pour les spectateurs d’examiner ce qu’est un héros et ce qu’est un «méchant». Pour les enfants plus spécifiquement, l’arrivée d’un personnage aussi puissant, et aussi énigmatique, peut amener une certaine curiosité, une envie de comprendre ce que c’est de grandir, ce que c’est que la croissance.

Les multivers de Marvel rappellent évidemment le métavers, ces mondes virtuels mis en place actuellement par les Gafam, de Facebook à Google. Qu’en pensez-vous?

Oui, exactement. Les multivers établissent un parallèle logique avec ce qui se passe actuellement. C’est pour cela qu’à l’intérieur des univers Marvel on ne peut plus dire : «Voilà la vérité» ou «Voilà la réalité». Non, avec Kang, la vérité est partout. Kang occupe l’espace. Il est partout. Il est une métaphore de notre monde en expansion. C’est un fantôme. On ne peut lui échapper, car on ne peut échapper au temps. Kang est l’incarnation du temps. Il est toujours là. Donc, on doit traiter avec lui, établir une relation quelle qu’elle soit et trouver une manière de procéder pour coexister avec Kang.

Ce nouveau personnage sera inévitablement comparé à celui de Thanos. Avez-vous demandé des conseils à Josh Brolin qui l’a incarné?

Non, je n’ai pas eu la chance de lui demander. Josh Brolin et moi nous ne nous sommes pas parlé. En revanche, je me souviens l’avoir croisé une fois dans une épicerie à Mexico. C’était il y a longtemps. Mais nous ne nous étions pas parlé! (Rires) S’il a quelques judicieux conseils à me donner sur les grands méchants de Marvel, je suis preneur !(Rires) Mais pour l’instant, l’interprétation de Kang relève de ma responsabilité.

Ce personnage a-t-il été lourd à porter?

Oui, bien sûr. Mais je suis un acteur. C’est mon travail. Le personnage de Kang est important dans l’univers Marvel, mais c’est justement la beauté du rôle. De toute façon, je ne porte pas tout seul le fardeau d’un tel personnage.

Vous allez devenir rapidement très connu dans la peau de ce super-méchant. Que pensez-vous que cela changera pour vous?

Rien. Cela ne va rien changer pour moi. La célébrité est quelque chose de relatif, n’est-ce pas ? Et puis ce n’est pas parce que je joue un méchant dans un film Marvel que je suis méchant dans la vie… C’est même plutôt le contraire.

Vous souvenez-vous de la première fois que vous avez lu un comic book Marvel?

Oui, très bien. Je me souviens que nous étions en voyage. Mes parents roulaient de la Californie vers le Texas. J’étais môme et j’avais lu ça à l’arrière du minivan. Cela m’avait transporté ! Littéralement. Et cela le fait toujours. J’espère qu’avec Ant-Man et la Guêpe Quantumania, nous allons poursuivre cette tradition voyageuse! (Rires).