Cet album est seulement le cinquième que le leader du groupe bruitiste américain Dinosaur Jr dévoile depuis 1996 et le splendide Martin and Me. Mais l’homme, ultra-prolifique, multiplie les activités, entre son groupe historique, actif depuis le milieu des années 1980 et ses collaborations diverses. Le seul guitar hero certifié de la génération grunge a été un compagnon de route de Nirvana et des Pixies et une sorte de pionnier, même s’il a échappé à une notoriété importante. Il est pourtant un des plus attachants des auteurs-compositeurs-interprètes américains en activité.

S’il ne modifie pas fondamentalement son approche musicale (voix traînante, guitare ultra-saturée, chorus étincelants) Mascis semble apaisé sur ce nouveau disque. Et les guitares acoustiques donnent plus de brillance aux rythmiques tisées par cet infatigable multi-instrumentiste (il joue aussi de la batterie et des claviers).

What Do We Do Now sonne ainsi comme un disque nettement plus pop que la production du groupe qu’il a fondé avec Lou Barlow sur la côte Est des États-Unis. Deux invités spéciaux figurent sur l’album: le pianiste Ken Mauri, membre de B52s, qui apporte sa virtuosité et son inventivité au projet. Mais aussi Matthew «Doc» Dunn à la steel-guitar. L’instrument roi de la country music donne des couleurs un peu Americana à ce recueil de chansons extrêmement bien troussées. S’il aborde la soixantaine, Mascis, antihéros de la scène alternative américaine, n’a pas renoncé à produire une excellente musique.

Alain Bashung s’est éteint en mars 2009, à l’âge de 61 ans seulement. Après une carrière amorcée au milieu des années 1960, il était devenu une référence absolue de la chanson et du rock français, dont on n’a pas fini de redécouvrir le legs musical impressionnant. Cette énième compilation permet de retrouver les différentes phases de l’évolution de cet imprudent, qui n’aimait rien tant que se réinventer à chacune de ses productions.

Entre tubes radio et pièces quasi expérimentales, Bashung n’a jamais choisi, et c’est cette dualité qui fait le sel de ce répertoire en or. De 1977, sortie de son premier album, Roman Photos, au disque posthume En amont, sorti en 2018, Bashung n’a eu de cesse de semer des pistes. La nouveauté de cette anthologie, c’est la présence d’un inédit.

Enregistré en 1982, alors que Bashung quitte les rivages de l’album Pizza et sa cohorte de tubes (Vertige de l’amour), il met en boîte, avec son groupe KGDD, des bases de travail. Parmi celles-ci, une version de travail du futur Junge Männer de l’album Play Blessures. Intitulée On n’a pas l’air, sur un texte de Boris Bergman, elle complète à merveille le parcours de Bashung en ce début des années 1980.