Que la force soit avec elle… La réalisatrice canado-pakistanaise Sharmeen Obaid-Chinoy sera la première femme à réaliser un film de la saga Star Wars. Si les séries télévisées de la franchise ont fait appel à des réalisatrices, notamment Deborah Chow, les longs métrages n’avaient jamais été confiés à une réalisatrice. Prévu pour 2026, Star Wars 10 doit poursuivre la trame principale et se situer après The Rise of Skywalker (sorti en 2019). Il serait à nouveau centré sur le personnage de Daisy Ridley, Rey.

Interrogée par la chaîne de télévision américaine CNN, Sharmeen Obaid-Chinoy a confié être «très enthousiaste à propos de ce projet». «J’ai le sentiment que ce que nous sommes sur le point de créer est quelque chose de très spécial», a estimé la cinéaste qui a notamment à son actif des épisodes de la série Ms Marvel ou des documentaires sur la condition de la femme et sur les crimes d’honneur au Pakistan. Dans Saving Face, elle suit le travail d’un chirurgien qui soigne des femmes défigurées par des jets d’acide comme cela arrive une centaine de fois par an au Pakistan. À Girl in the River, diffusé en 2016 par HBO, raconte comment une jeune femme de 19 ans survit au meurtre orchestré par son père et son oncle, comment son entourage la pousse à leur pardonner alors qu’ils sont au final libres. Les deux films ont été récompensés par un Oscar.

Féministe revendiquée, Sharmeen Obaid-Chinoy se réjouit de prendre les rênes de la saga spatiale qui, à ses débuts il y a près de 50 ans, ne comportait qu’un seul personnage féminin, une princesse que de preux chevaliers de l’espace devaient naturellement sauver. «Nous sommes en 2024 et il était temps qu’une femme se présente pour façonner la galaxie lointaine, très lointaine», a déclaré la réalisatrice, deux fois primée par des Academy Awards, qui travaillera avec le scénariste Steven Knight, connu pour sa série à succès Peaky Blinders.

La réalisatrice a également donné un aperçu de ses intentions sur les réseaux sociaux en expliquant quelle conception elle avait des héros de cinéma, des personnalités «ancrées dans la réalité». «J’ai passé ma vie à rencontrer de vrais héros, qui ont affronté de terribles empires et mené des combats impossibles contre l’oppression. Pour moi, c’est ça le coeur de Star Wars, a-t-elle confié. C’est pourquoi je suis enthousiaste à l’idée de voir émerger un nouvel ordre de chevaliers Jedi et très impatiente de nous plonger dans les aventures d’une académie Jedi menée par un puissant maître Jedi.» Et d’autant plus si ce nouvel ordre est conduit par une femme en la personne de Rey.

Cette déclaration d’intention n’a pas plu à certains conservateurs qui bataillent contre les studios Disney et sa politique «inclusive» depuis des mois. «Ce film est voué à devenir le plus gros flop que Disney ait connu à ce jour», a prédit Matt Walsh, éditorialiste proche des milieux conspirationnistes, en en voulant pour preuve des réflexions partagées par Sharmeen Obaid-Chinoy dans une vidéo qu’il a diffusée.

Lors d’une table ronde à laquelle elle participait pour l’association Women in the World, Sharmeen Obaid-Chinoy évoque sa façon de travailler et le tournage de ses documentaires. «J’aime mettre les hommes mal à l’aise. Il est important de pouvoir regarder un homme dans les yeux et de lui dire : “Je suis là, accepte-le, accepte que je travaille pour créer quelque chose qui te mette mal à l’aise – car cela devrait te mettre mal à l’aise”», a-t-elle expliqué aux côtés de Meryl Streep.

«Star Wars est maudit», «On dirait que Disney aime perdre de l’argent» ont commenté plusieurs internautes en réaction à la vidéo. Malgré les critiques sur le caractère «woke» des productions du studio ces dernières années, Disney a vu son chiffre d’affaires progresser régulièrement depuis vingt ans, passant de 42 milliards de dollars en 2012 à 82 en 2022.