Les Rolling Stones, Hackney Diamonds (Polydor/Universal Music)

En 2016, les Rolling Stones étaient entrés en studio pour enregistrer un nouvel album. Incapables de s’entendre sur un répertoire nouveau, ils en étaient ressortis avec une collection de très belles reprises de titres blues, Blue

Voir Mick Jagger et Keith Richards, respectivement 80 et 79 ans, derniers survivants de la formation originale proposer onze nouvelles chansons (et une reprise) dans Hackney Diamonds, est un petit miracle. Le principal problème est que celles-ci sont pour la plupart anodines, voire franchement gênantes. Angry, premier single, est embarrassante, tout comme les deux suivantes du disque. Ces trois chansons ont pour point commun d’être cosignées avec Andrew Watt, par ailleurs réalisateur de l’album.

Les Stones ont choisi ce trentenaire afin de «rajeunir leur son» et c’est loupé : les titres sont écrasés par une production FM clinquante et creuse. Mick Jagger chante à merveille, la batterie de Steve Jordan cogne (peut-être trop), les guitares sonnent mais rien ne décolle avant le quatrième titre, Bite My Head Off, déflagration punk rock qu’on jurerait échappée de Some Girls. Le morceau claque bien, avec son tempo rapide et la basse fuzz de Paul McCartney. Il est le seul «special guest» qu’on entend vraiment, avec Lady Gaga sur le gospel Sweet Sounds of Heaven.

Les autres – Elton John et Stevie Wonder, tous deux cantonnés aux claviers – passent inaperçus. Charlie Watts, disparu en 2021, est présent sur deux chansons: l’horrible Mess it Up, tentative disco pop qui n’est pas loin d’être le pire titre de leur histoire, et Live by the Sword, sur lequel il est rejoint par Bill Wyman, bassiste original, absent depuis 1993.

Whole Wide World ressemble beaucoup à un titre d’Iggy Pop, et c’est un compliment, avec le seul bon chorus de guitare du disque. Ron Wood n’aura peut-être pas été totalement inutile cette fois… Dreamy Skies est à ranger dans la catégorie des (excellentes) ballades country dont le groupe est friand depuis la fréquentation de Gram Parsons. Drive Me Too Hard commence comme Tumbling Dice mais la comparaison s’arrête là: on a déjà entendu ce type de morceaux, en bien mieux, des dizaines de fois sur des disques des Stones. Et Jagger ne s’est vraiment pas foulé sur les paroles de l’album entier…

Keith Richards apporte un arpège vraiment intrigant et un peu dissonant sur sa chanson contractuelle, la belle Tell Me Straight, avec Jagger aux chœurs. C’est en tête à tête que les Glimmer Twins referment l’album, avec une reprise de la chanson par laquelle tout a commencé: le Rollin Stones de Muddy Waters, celle qui leur a donné leur nom. Avec un son de guitare vintage à souhait et une production roots, les Stones frappent fort mais un peu tard dans un disque trop long et trop quelconque.

De temps en temps  : le meilleur de Richard Hawley (BMG)

On aimerait ne plus avoir à écrire que Richard Hawley est le secret le mieux gardé du rock anglais des vingt dernières années mais c’est pourtant encore le cas. Cette compilation – la première d’une carrière solo entamée en 2001 – constitue la porte d’entrée idéale dans l’univers de ce superbe auteur-compositeur-interprète, crooner et guitariste extraordinaire.

Après avoir fait ses armes au sein des Longpigs, cet ancien de la classe ouvrière de Sheffield a longtemps accompagné ses grands amis de Pulp. Mais c’est dans ses morceaux personnels qu’il a toujours été le plus bouleversant. C’est simple, il n’y a absolument rien à jeter dans la discographie de ce gentleman, qui offre ici un saisissant raccourci de ses compositions originales comme ses reprises bien senties telle que Ballad of a Thin Man, une des meilleures chansons de Bob Dylan, qu’il avait enregistrée en 2019 pour le final de la cinquième saison de la série de Peaky Blinders .

Aimé et reconnu Outre-Manche, Hawley a travaillé pour la télévision, notamment la série The Full Monty (avec la merveilleuse Not the Only Road). Collaborateur recherché – il a joué aux côtés des Arctic Monkeys, Paul Weller, Elbow et même Lisa Marie Presley, Richard Hawley est dans nos contrées ce qu’on appelle un «musicien culte». Puisse ce best-of savamment organisé lui offrir un public plus large.