Il vient de rentrer dans la prestigieuse lignée des Antoine Blondin, Albert Simonin, Roland Topor, Geneviève Dormann et autres Bernard Frank… Guy Boley a remporté lundi 25 septembre le prix des Deux Magots pour À ma sœur et unique (éditions Grasset), roman consacré à Élisabeth, la sœur de Friedrich Nietzsche. Quelques minutes après sa victoire Étienne de Montety, président du jury, a fait montre de sa satisfaction en déclarant: «C’est mérité!». Le lauréat a été élu dès le premier tour, avec sept voix, contre cinq à Gaspard Koenig (Humus). Guy Boley, 72 ans aujourd’hui dont une cinquantaine consacrée à l’art d’écrire, est originaire de la Franche-Comté, un pays qu’il aime. Il a été sacré sur le tard, après une vie où il a exercé de nombreux autres métiers qu’écrivain, dont celui de funambule. Son premier roman (Fils du feu) n’aura été publié qu’en 2016.

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Recevoir un prix à cet âge, «ça ne fait pas de mal», s’est-il félicité quelques minutes après son triomphe. «Je suis arrivé ce matin en train en étant persuadé que je n’allais pas gagner», a-t-il expliqué aux journalistes présents place Saint-Germain-des-Prés. «J’avais travaillé sur Nietzsche pour un spectacle de danse (…) Je me suis rendu compte que c’était très important de rétablir la vérité». Le récit revient sur la relation étroite entre le frère philosophe et sa sœur, puis sur la manipulation de cette dernière pour, de manière posthume, en faire l’un des penseurs précurseurs du nazisme qu’il n’était pas. Son éditeur Grasset y a vu un «drame shakespearien». Au grand jour et non à huis clos comme pour le Goncourt et le Renaudot le jury du prix des Deux Magots a délibéré devant un parterre d’invités dans la grande salle de la célèbre brasserie du quartier Saint-Germain-des-Prés. Créé en 1933, le prix est doté de 7.750 euros. Jusque-là décerné en janvier, il a été déplacé en septembre pour ses 90 ans.