«Le petit Musso», ainsi se fait encore appeler dans sa ville d’origine, Antibes, sur la Côte d’Azur, l’écrivain Guillaume Musso, après 20 ans de célébrité littéraire qui lui valent une école primaire à son nom. Son 21e roman, Quelqu’un d’autre, est publié mardi, avec une forte ambition. Les éditions Calmann-Lévy ont imprimé 500.000 exemplaires, contre 400.000 pour le précédent livre, Angélique, en septembre 2022. Autant dire que cet éditeur, repris par Vivendi avec l’ensemble du groupe Hachette Livre en novembre, compte refaire de Guillaume Musso le roi du roman en France. En 2023, n’ayant pas publié de nouveau thriller, il a été dépassé par trois consœurs et deux confrères au palmarès des ventes. Ce qui ne l’inquiète absolument pas. Il insiste pour dire que sa priorité est sa famille, ses deux enfants, et non pas ses chiffres de ventes, ni une hypothétique reconnaissance de la critique littéraire. «Mes enfants, je les vois grandir (…) Je travaille moins le week-end, je pars en vacances avec eux, et je fais les devoirs avec eux», raconte l’ancien professeur de lycée de 49 ans.

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De 2011 à 2022, Guillaume Musso a été numéro un des ventes en France tous les ans. Sa ville natale, Antibes, en est fière. Elle a inauguré en sa présence, lundi 4 mars, l’école élémentaire située près de la gare de Juan-les-Pins, désormais école Guillaume-Musso. «Ça, c’est une grande fierté (…) On me dirait: “Tu prends le Goncourt ou l’école Guillaume-Musso?” Clairement, je prends l’école», assure l’Antibois, que sa vie familiale a définitivement installé à Paris.

Le roman Quelqu’un d’autre a pour cadre la ville d’Antibes, 76.000 habitants, où la classe moyenne côtoie une richesse clinquante, et congestionnée à la belle saison par l’afflux des touristes. Guillaume Musso y retourne régulièrement voir ses parents, qui ont longtemps travaillé pour la municipalité. Il y est donc très bien connu. «Oh, le petit Musso! Comment ça va?» C’est de cette manière qu’on l’y interpelle, imite-t-il avec l’accent azuréen, qu’il n’a plus. Il l’a peu à peu délaissé «de manière inconsciente».

Il a connu une jeunesse ordinaire d’enfant de la classe moyenne à Antibes, où, comme beaucoup d’autres, il a saisi l’occasion de travailler pour la jet-set de passage. «C’est l’endroit où tu habites. Mais, en été et au moment du Festival de Cannes, tu vois qu’il devient un peu le centre du monde. Je travaillais très tôt, je faisais les plages: je me levais à 4h ou 5h du matin, pour nettoyer, tamiser», se souvient-il. «Le parking où tout le monde voulait travailler, c’était celui près de l’Hôtel du Cap, où il y avait un restaurant de plage. Une vingtaine de places et 100 types qui venaient. Donc pour pouvoir se garer, ils te donnaient les clés de voiture et te filaient 20 francs, 50 francs», se souvient-il. Ces pourboires de 3 ou 7,50 euros paraissent dérisoires, 30 ans plus tard.

Dans Quelqu’un d’autre, qui narre l’enquête sur l’assassinat sauvage d’une héritière italienne, les enjeux se chiffrent en millions d’euros. Tout comme ceux autour de chaque roman de Guillaume Musso, un homme que la littérature a rendu millionnaire. Ayant observé les très riches dès son plus jeune âge, il confie ne les avoir jamais enviés. «Ça amène quantité de facilités. Mais on jongle quand même avec les problèmes des enfants, la santé des parents… Si on est largué par la femme qu’on aime, c’est la même douleur», souligne-t-il. «Je n’ai jamais rencontré quelqu’un avec énormément d’argent en me disant: lui, il doit être plus heureux que moi».