Le 29 octobre 2023, dans un sketch sur France Inter, l’humoriste Guillaume Meurice avait suggéré pour Halloween un «déguisement» du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, «sorte de nazi mais sans prépuce». Une déclaration qui avait suscité de nombreuses protestations chez les auditeurs.
Après une plainte de l’Organisation juive européenne, une enquête judiciaire avait été ouverte pour provocation à la haine et injure publique aggravée. Guillaume Meurice avait été entendu, libre, par la police judiciaire le 21 novembre. Son employeur lui avait adressé un «avertissement». Et le régulateur de l’audiovisuel, l’Arcom, avait adressé une mise en garde écrite à Radio France.
Si la question du licenciement de Guillaume Meurice s’est bien posée, la direction de Radio France n’aurait pas vraiment eu le choix. Selon une information du Figaro , l’humoriste bénéficiait depuis quelques mois du statut de salarié protégé. Le 13 novembre dans C à vous sur France, la PDG de radio France Sibyle Veil avait commenté les propos de son chroniqueur. «Je pense que l’humour est un exercice compliqué. Faire de la caricature, on est toujours dans une certaine limite. On ne sait jamais quand est-ce qu’on peut franchir la ligne rouge ou pas. Par contre, je pense que quand on l’a franchi, il faut avoir la responsabilité de le reconnaître», a-t-elle dit avant d’ajouter : «Si je l’ai sanctionné c’est parce que ça m’a mise très mal à l’aise et en colère. Parce que je sais le travail de fond remarquable qui est fait par France Inter et toutes les autres chaînes de Radio France des épisodes très douloureux que nous sommes en train de vivre. Dans des périodes où il y a un traitement si remarquable et fin qui est fait d’une actualité qui est dramatique, qui est forte, il faut être responsable. C’est ce qui m’a conduite à prendre une mesure.»
En réponse à cet avertissement, l’employé de Radio France avait contre-attaqué en justice. «Je n’ai pas commis de faute et je n’ai fait que mon métier. Je considère qu’il s’agit d’une injustice, je fais donc appel à la justice», a déclaré Guillaume Meurice.
L’humoriste devient un habitué des sorties polémiques. En 2022, il avait déjà dû renoncer, avec Nathalie Gendrot, à publier un livre aux éditions Le Robert qui contenait une blague sur le milliardaire Vincent Bolloré. Et pour cause, Le Robert est une filiale d’Editis et donc de Vivendi, qui appartient à Vincent Bolloré. L’éditeur Flammarion avait donc sauté sur l’occasion pour éditer le livre qui a été publié en mars 2023.
Cette fois-ci, son récit Dans l’oreille du cyclone – qui raconte la tempête médiatique provoquée par sa plaisanterie controversée sur Netanyahou – doit paraître aux éditions du Seuil, le 15 mars. «Dans ce document, journal de bord d’une tempête médiatique, Guillaume Meurice raconte comment les polémiques se fabriquent et se défont. Il en ressort un texte, drôle et inquiétant, sur l’humour politique», indique l’éditeur dans son programme de parutions.