Gérard Depardieu, accusé par une dizaine de femmes d’agressions sexuelles et visé par deux plaintes pour viol, ne serait plus en France. Il y a une semaine, le documentaire de Complément d’enquête rappelait les faits qui lui sont reprochés et dévoilait les images d’un voyage avec l’écrivain Yann Moix en Corée du Nord datant de 2018. Gérard Depardieu y déverse un flot de paroles obscènes et sexistes, allant jusqu’à sexualiser une enfant qui fait de l’équitation. Des séquences qui ont outré aussi bien l’opinion publique que des membres du gouvernement alors que l’émission révélait qu’une deuxième plainte avait été déposée contre l’acteur de 77 ans. La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, a ainsi estimé que l’acteur faisait «honte à la France».

Mercredi, le média belge Sudinfo a annoncé que le comédien se serait installé depuis plusieurs semaines dans un bourg en Belgique, non loin de la frontière avec la France. À Mont-Saint-Aubert exactement, au nord de Tourcoing.

Une information que le média s’est fait confirmer par les autorités locales. Le bourgmestre de la commune, Paul-Olivier Delannois, confie qu’il a appris la nouvelle «totalement par hasard». «Pour moi, c’est un citoyen comme un autre, ni plus ni moins», affirme-t-il avant d’ajouter : «Je ne me retrouve absolument pas dans les propos tenus dans l’émission de France 2 et à d’autres occasions. S’il y a plainte, je fais confiance à la justice».

Gérard Depardieu s’était déjà établi dans la ville de Nechin, dans la même province, il y a une dizaine d’années, et il y avait reçu un accueil des plus chaleureux. L’acteur avait même été élu «citoyen d’honneur». L’échevine Marie-Christine Marghem conserve un bon souvenir de l’acteur et se souvient d’un homme «extrêmement correct, très bien éduqué et convivial» rapporte le média 20 Minutes.

Gérard Depardieu a été mis en examen en décembre 2020 pour viols et agressions sexuelles sur la comédienne Charlotte Arnould qui a dénoncé deux viols au domicile de l’acteur fin août 2018. L’affaire a été classée par le parquet en juin 2019, mais Charlotte Arnould a obtenu que l’enquête soit confiée à un juge d’instruction. Le 10 septembre, la comédienne Hélène Darras a, à son tour, porté plainte contre la star qu’elle accuse d’agression sexuelle lors d’un tournage de film en 2007.

Une dizaine d’autres femmes, comédiennes, maquilleuses ou techniciennes de cinéma l’ont accusé dans la presse de violences sexuelles. Dans les jours qui ont suivi la diffusion de l’émission de Complément d’enquête, on a par ailleurs appris le suicide de la première actrice qui avait accusé Depardieu en 2019 sur son compte Facebook, Emmanuelle Debever.

Dans une lettre ouverte publiée par Le Figaro en octobre, Gérard Depardieu assure n’être « ni un violeur ni un prédateur ». «Jamais au grand jamais je n’ai abusé d’une femme, écrivait-il, ce serait comme donner des coups de pied dans le ventre de ma propre mère.»

Plusieurs grandes figures du 7e art se sont exprimées à ce sujet en apportant leur soutien à Gérard Depardieu. Pour Josée Dayan, interviewée dans l’émission de Complément d’enquête, il est tout à fait «impossible» que son ami soit coupable de viols. Fanny Ardant rappelait dans une interview accordée au journaliste Stéphan Bureau en novembre : « Moi, je l’ai connu dans l’intimité […]C’est pas juste un homme sorti de nulle part et pour qui je prendrais fait et cause […] Dès que je vois attaqué quelqu’un que j’aime profondément, je ne peux pas m’empêcher de le défendre. » Quant à Nathalie Baye, elle a affirmé lundi 11 décembre au micro de France Inter n’avoir «jamais eu de problème avec lui, absolument jamais. Gérard a toujours été un collègue respectueux depuis les débuts de ma carrière.» Si elle confie ne pas vouloir prendre parti dans cette affaire, elle a avoué ne pas reconnaître l’homme dont tout le monde parle : «C’est quelqu’un qui a toujours été d’une grande élégance, d’une grande gentillesse, un partenaire en or pour jouer. Je ne connais pas cet homme dont on parle.»

De l’autre côté de l’arène, des voix comme celles de Sophie Marceau et d’Anouk Grinberg haussent le ton. La première a manifesté sa colère l’été dernier en qualifiant l’acteur de « prédateur » dans les colonnes du Monde. «Il n’a jamais osé me toucher devant l’équipe, sinon il aurait reçu mon poing dans la gueule, confiait l’actrice. Mais avec les pauvres habilleuses… ». La seconde a témoigné lundi 11 décembre au micro de France Inter: «Cela ne m’a pas étonné car il est comme ça tout le temps sur tous les plateaux de tournage, reconnaît l’actrice belge. Et sur tous les plateaux de tournage, les gens sont indifférents autant que Yann Moix l’était.». Anouk Grinberg trouve que l’émission «donne à réfléchir, pas seulement sur la monstruosité que Gérard Depardieu s’accorde avec la moitié du genre humain, mais l’autre monstruosité, celle des gens du cinéma qui sont indifférents au mal qu’on fait aux femmes, aux humiliations qu’on leur inflige».

À ce jour, la carrière de Gérard Depardieu est entre parenthèses. Il a fait savoir, par la voix de son agent, qu’il ne participerait plus à «aucun projet» dans le «contexte» de ces accusations. En novembre, l’acteur était attendu au festival de théâtre Les Scènes d’Olivier Marchal, programmé à La Teste-de-Buch (Gironde). Quelques jours avant le début des festivités, l’acteur est devenu injoignable. La participation du monstre du cinéma français a alors été annulée.