Le communiqué est tombé vendredi midi: la Fondation Maurice-Béjart met fin au contrat de Gil Roman, danseur fétiche du chorégraphe, qui dirigeait le Béjart Ballet Lausanne depuis son décès en novembre 2007.

Cette annonce intervient alors que la compagnie se remettait à peine de la tourmente qui l’avait secouée en 2021, sur fond d’accusations de harcèlement sexuel. Après un audit, le Béjart Ballet de Lausanne avait annoncé une série de réformes pour redresser la barre. «En raison de comportements répétés de harcèlement sexuel», le directeur de production avait été licencié. Gil Roman, un temps mis en cause, avait conservé son poste, encadré par un directeur du personnel et un directeur général venu du basket, Giancarlo Sergi.

Le calme semblait revenu jusqu’à un faux pas en janvier 2024 à l’Opéra Garnier. En dépit des mesures prises en 2021, «Gil Roman a invité cet ancien directeur de production à la représentation, puis à l’apéritif privatif qui a suivi en présence de l’ensemble des danseuses et danseurs», relate le communiqué. «Après avoir éclairci les faits et entendu également Gil Roman, le conseil de fondation a estimé ce comportement inapproprié et intolérable vis-à-vis de l’institution et plus encore des danseuses et danseurs, eu égard aux conclusions de l’audit et aux décisions qu’il avait alors prises», précise-t-il encore.

Gil Roman quittera donc ses fonctions le 30 avril 2024. À charge pour la fondation de lui trouver un successeur. Dans l’intervalle, grâce à la structure mise en place en 2022 et dirigée par Giancarlo Sergi, la production et la présentation des spectacles programmés sont assurées.

Personnalité ténébreuse, Gil Roman a assuré pendant quatorze ans une direction de la compagnie assez bancale: s’il remontait à merveille les ballets du maître disparu, il n’entendait pas rester dans son ombre. Il s’était improvisé lui-même chorégraphe et conditionnait chaque reprise de Béjart à la création d’une pièce de son cru. Hélas, on ne s’improvise pas chorégraphe. De même que pour avoir été un grand danseur, on ne s’improvise pas maître de ballet.