Françoise Hardy, qui fête ses 80 ans ce mercredi, est revenue dans l’actualité, déclarant vivre un «cauchemar» des suites d’un cancer du pharynx, désirant «partir bientôt et de façon rapide» dans une interview choc à Paris Match en décembre. Plus joyeux, plusieurs artistes – de son fils Thomas Dutronc à Clara Luciani ou Keren Ann – la célébreront à l’Hyper Weekend, festival à Radio France à Paris, le 28 janvier.

Le 28 octobre 1962, sur l’unique chaîne télé de l’époque, Tous les garçons et les filles est l’intermède dans l’attente des résultats du référendum pour le passage de l’élection du président de la République au suffrage universel. C’est un plébiscite. Françoise Hardy, qui compose et écrit alors ses textes, a 18 ans. Le succès lui tombe dessus et son destin bascule. Un an avant, elle poussait la porte de Vogue, se disant qu’elle pourrait être signée par cette maison de disques peu regardante, à ses yeux, sur certaines productions.

C’est un autre titre de 1962, qui va résonner longtemps. «C’est le temps de l’amour, le temps des copains, et de l’aventure…» surgit ainsi dans la bande originale de film Moonrise Kingdom (2012) de Wes Anderson. Les accords de guitares «surf», prisés des musiciens californiens de l’époque, viennent d’un instrumental, Fort Chabrol, d’un certain Jacques Dutronc, qui travaille chez Vogue. Cette relation de travail se mue plus tard en mariage avec un fils à la clé, Thomas, également devenu chanteur. Une union avec des hauts et bas. «Je n’ai sans doute pas assez évoqué ici Françoise, qui a sauvé ma vie», conclut Dutronc dans son autobiographie Et moi, et moi, et moi.

Cécile Caulier est restée largement inconnue du grand public jusqu’à sa mort en 2009. C’est pourtant elle qui écrit cette ballade, proposée en vain à de nombreux artistes et adoptée par Françoise Hardy en 1964. La chanson connaîtra plusieurs vies, notamment une reprise de Natacha Atlas en 1999. Mais c’est bien la version de Françoise Hardy que Shurik’n, pilier du groupe de rap IAM, a mis en avant sur France Inter récemment. «Un morceau avec lequel j’ai grandi. Ma mère l’écoutait tout le temps, (une chanson qui) fait réfléchir à notre façon de vivre et d’aborder la vie et la mort».

Chanson de 1968, Comment te dire adieu est écrite par Serge Gainsbourg. Ce morceau est une adaptation de It hurts to say goodbye de l’Américaine Margaret Whiting. «Ton cœur de pyrex/résiste au feu/je suis bien perplexe/je ne veux/me résoudre aux adieux» : les rimes en «ex» scindent malicieusement les phrases en deux de cette chanson devenue un des tubes de l’année. Et c’est la version Hardy que reprend, avec refrain en français mais sur une rythmique dance, Jimmy Somerville, l’ancien leader de Bronski Beat, vingt ans plus tard.

«Cela m’a fait un bien fou de mettre en mots les frustrations et les douleurs de ma vie personnelle, mais c’était également un message aussi beau et émouvant que possible que j’adressais à l’objet de mes tourments», disait en 2021 Françoise Hardy à l’AFP. C’est à Jacques Dutronc qu’est adressé en 1973 ce «Message personnel», bijou du répertoire composé avec Michel Berger. «Si tu crois un jour que tu m’aimes/N’attends pas un jour, pas une semaine (…) Viens me retrouver», entonne-t-elle. Une réelle complicité les unit aujourd’hui, même si le chanteur a refait sa vie en Corse. «Jacques a été, est toujours, l’homme de ma vie et notre lien me semble indestructible», confessait-elle en 2021.