80 ans. L’âge de la raison et de la sagesse ? Sûrement pas pour Dave. Le chanteur hollandais fête son anniversaire samedi 4 mai. Personnage haut en couleur, vedette des variétés dans les années 1970, collectionneurs de tubes, animateur dans les années 1990 et 2000 et langue de vipère depuis toujours, l’artiste est une figure populaire. Ses refrains restent dans les mémoires tout comme ses coups de gueule ou ses sorties de piste, notamment lors d’un concours mythique de l’Eurovision commenté avec son ami Marc-Olivier Fogiel. Pour rendre hommage à Dave, Le Figaro a sélectionné huit titres du Hollandais chantait.

Une véritable déferlante. En 1976, Dave sort cette madeleine de Proust, beaucoup plus accessible que le chef-d’œuvre de grand Marcel. Portée par une mélodie très délicate sur les couplets et énergique sur le refrain, la chanson est un bijou pop qui se consomme sans modération. Mèche parfaite et sourire enjôleur, Dave sublime les paroles signées par son compagnon, Patrick Loiseau. Près de 50 ans après, on a toujours envie «de refaire un tour du côté de chez Swann» .

Les chanteurs français ont beaucoup pillé la variété anglo-saxonne. Et pourtant, elle devrait (parfois) leur dire merci. Obscur titre paru en 1961, Runaway est adapté en 1974 par Dave. Le léger accent et la puissance vocale sur le refrain transforment (en bien) la chanson. «Vanina ah ah ah ah» et nous voici partis pour un tour («ah» est utilisé une trentaine de fois). Paroles simplettes, mais gentiment addictives. Un classique de fin de karaoké.

Parmi les reprises les plus efficaces, on aurait pu citer Est-ce par hasard?, Boulevard des sans amours, Trop beau, ou Dansez maintenant, mais cette adaptation de Banana Rock des Wombles est un petit bijou. Il s’agit d’une histoire d’amour classique avec une «fille incendiaire», du nom de Laura, mais qui est sublimée par des cuivres très efficaces. Un chagrin d’amour peut être festif.

Dave n’est pas que ce chanteur à frange blonde et au collier de perles-coquillettes sorti d’un atelier production en maternelle. En 1978, il sort cette très belle supplique, poignante, sur un homme abandonné lors de la Saint-Sylvestre. «On regrette, vous ne faites pas partie de la fête. Désolé, vous n’êtes pas invité. Vous n’êtes pas habillé en tenue de soirée. Bonne nuit et joyeuse année !» La mélodie est simple, mais efficace, portée par des chœurs très seventies. Une vraie pépite.

Dave Punk ! Avec cette chanson électro-disco-techno publiée en 1979, Dave pénètre le psychédélique avec beaucoup de références, dont une à Serge Gainsbourg. À écouter avec modération au risque de faire une crise d’épilepsie auditive.

En 1977, Dave pose une question essentielle : «Hélène ça rime à quoide vivre au Sud pour avoir froid?» Vraie interrogation pour ce titre porté par de la cornemuse. Le chanteur crie son amour épistolaire à une fille du Kerguelen – pratique pour la rime – qui l’a abandonné. De toutes les chansons dédiées à une Hélène (Julien Clerc, Rock Voisine ou Hélène Rollès), choisissez celle-ci.

L’intro donne le tempo : on est loin de Vanina. En 1976, Dave chante l’abandon, mais l’optimisme. Si tout devait se terminer, il ne sombrerait pas. Il resterait ce qu’il est. Le refrain est poignant et ce titre aurait fait un très beau hit, mais l’artiste songe déjà aux années galères. «Si ce n’est que feu de paille, je suivrai mon destin. On ne sait jamais de quoi sont faits nos lendemains. Mais un jour dans ta mémoire, une chanson de rueRanimera la flamme d’une mélodie perdue.» 54 ans plus tard, l’occasion de redécouvrir cette petite pépite ?

Les années 1980, 1990 et 2000 ont été difficiles pour le chanteur. Après une excursion comme animateur sur TF1 (le remake «SLC» avec Sheila), Dave enregistre un album très jazzy, dont est extrait ce joli Doux Tam-Tam. En 2011, il sort un formidable album de reprises de ces tubes version soul, Blue-Eyes Soul, avec des duos, notamment un exceptionnel avec son ami Daniel Auteuil sur Du côté de chez Swann.