Dans ce film signé Cédric Kahn, Arieh Worthalter incarne l’énigmatique Pierre Goldman, gangster et militant d’extrême gauche, poursuivi pour le meurtre de deux pharmaciennes en 1976. Le rôle lui permet à l’acteur de 38 ans de décrocher vendredi soir le César du meilleur acteur.

À lire aussiCésar 2024: Anatomie d’une chute sacré meilleur film. Le palmarès complet de la 49e cérémonie

Sorti cinquante ans après les faits qui avaient marqué toute une génération, le film avait fait l’ouverture de la Quinzaine des cinéastes, une des principales sections du Festival de Cannes. Mise en scène épurée, sans musique ni flash-back : seul le procès est filmé, donnant au spectateur une sensation de huis clos. De cette mise en scène minimaliste se dégage pourtant une force. Ce qui frappe le spectateur, c’est la verve de l’accusé. Une verve qui donne l’impression qu’il est prêt, à tout moment, à bondir hors de son box. Mais aussi un charisme hors du commun.

«Il a ce chaos qu’il n’arrive pas à contenir. Je comprends sa colère. J’en avais beaucoup dans la vingtaine, énormément. Tu veux casser le monde, quoi», confiait l’acteur à Libération. Presque à lui seul, Arieh Worthalter porte toute l’intensité du film. «Je crois qu’on a tous été bluffés par sa performance», confiait à l’AFP Cédric Kahn en marge du Festival de Cannes.

Né le 25 mars 1985, il commence sa carrière sur les planches dans Othello en 2007. Si son nom ne dira sans doute rien au grand public, l’acteur a joué dans plus d’une vingtaine de longs-métrages dont Girl de Lukas Dhont ou Serre-moi fort de Mathieu Amalric, aux côtés de Vicky Krieps.

Féru de courts-métrages dans lesquels il enchaîne les rôles pendant des années, le public le retrouve en 2015 aux côtés de Tahar Rahim et d’Adèle Exarchopoulos dans «Les Anarchistes». Il s’illustre, dans des petits rôles, notamment dans la série Bastille Day en compagnie d’Idris Elba et Charlotte Le Bon ou dans le biopic Marie Curie de 2017. Sa carrière s’envole en 2018 grâce au long métrage de Lukas Dhont, Girl , drame sur la transidentité qui est récompensé au Festival de Cannes par la Caméra d’or (premier long-métrage). Il y incarne le père d’une adolescente, Lara, née Victor, qui rêve de devenir ballerine.

Son interprétation est également saluée avec le titre Magritte du meilleur second rôle masculin, distinction belge qu’il regagne l’année suivante pour son rôle dans Duelles. Les rôles commencent à pleuvoir pour l’acteur, qui reste discret. On l’a également vu dans Rien à perdre en 2023, aux côtés de Virginie Efira, en personnage en rupture de ban. «J’ai bourlingué pendant très, très longtemps; cette qualité d’errance et de ne pas pouvoir tenir en place, je la comprends», disait-il à Libération, en référence à son personnage dans le film de Cédric Kahn. Polyglotte, (il parle anglais, espagnol, français, hébreu et néerlandais). L’acteur a également été aperçu dans la saison 2 de la série à succès En Thérapie.

Enfin, au moment de récupérer son César lors de la cérémonie, Arieh Worthalter s’est joint aux nombreuses causes défendues lors de la 49e cérémonie en appelant à un cessez-le-feu à Gaza.