Chaque semaine, notre chroniqueur musicalOlivier Nuc partage deux coups de cœur parmi les sorties d’album.

Le chanteur français le plus doué de sa génération achève actuellement une longue tournée des grandes salles qui le mènera jusqu’à l’Accor Arena de Bercy à la fin de l’année. Il y poursuit l’option franchement rock amorcée pied au plancher surl’album Grand Prix , en 2020, et Saint Clair, sa dernière production, sortie l’an passé. Tout le contraire de son nouvel album, A l’auditorium, tout juste paru.

Sur celui-ci, le chanteur, dont la carrière a commencé il y a deux bonnes décennies, égrène les perles de son répertoire accompagné d’un orchestre : celui de Lyon, dirigé par Dirk Brossé. Capté en concert dans l’Auditorium de sa ville d’origine, ce recueil en forme de best of brosse le portrait d’un crooner pas si désabusé que ça. On est heureux de retrouver l’intensité de ses meilleures compositions – «La Superbe», «Ton héritage», «À l’origine» – transcendées par de soyeux arrangements. On connaît depuis son premier album, Rose Kennedy, le goût de Benjamin Biolay pour l’écriture des cordes, ici en majesté.

Auteur-compositeur, arrangeur, producteur, pygmalion, Biolay a mis du temps avant de se faire accepter comme interprète. Il est ici vraiment convaincant dans le rôle, osant marcher dans les pas de Frank Sinatra sur «It Was a Very Good Year». Un titre qui doit travailler ce jeune quinquagénaire intranquille. Une autre réussite à porter au crédit de ce coureur de fond.

«À l’Auditorium», 2 LP ou 2 Cd (Romance/Universal Music), etre 15,99 et 45 euros

Le groupe emblématique du rock anglais des sixties continue de tourner avec succès, mais c’est désormais en piochant dans son passé qu’il fait l’actualité. Après des coffrets consacrés aux albums My Generation et The Who Sell Out, Pete Townshend a enfin livré – avec deux ans de retard – une version commémorant les 50 ans de l’album Who’s Next, sorti en 1971. En 10 Cd et un Blu-ray, le compositeur de la formation Mod nous dévoile la route longue et sinueuse qui a mené The Who à cet album de référence.

Après le triomphe de Tommy en 1969, Townshend ambitionnait de sortir un nouvel album concept, Life House. Un immense chantier dont on suit ici les développements, révélés pour la première fois. Entre les maquettes très abouties réalisées par un Townshend multi-instrumentiste et les premières séances en groupe, on mesure le génie créatif de ces jeunes gens âgés alors de 24 ans. On découvre que le guitariste Leslie West avait participé à certains des enregistrements réalisés à New York, avant que le groupe ne se replie à Londres entre les mains de Glyn Johns pour finir par graver un «simple» album de The Who.

On est souvent époustouflé par la route qui a mené aux standards Baba O’Riley ou Won’t Get Fooled Again. La présence d’un livre de 100 pages éclairant les péripéties du projet achève de rendre ce bel objet précieux aux yeux de ceux qui tiennent Who’s Next comme le sommet de la carrière du groupe.

«Who’s Next / Life House», 10 Cd et 1 Blu-ray, 4 LP ou 2 Cd