Il n’en revient toujours pas. C’est dans «le Train de la BD» qui l’amène à Angoulême que Riad Sattouf, 44 ans, réagit «à chaud» à son élection en tant que Grand Prix de la ville d’Angoulême. «C’est très simple, confie l’auteur de L’Arabe du futur, quand j’étais enfant, je rêvais de devenir un jour auteur de bande dessinée! Je rêvais d’avoir plein de monde en dédicace, des files de lectrices et de lecteurs! Je rêvais qu’un jour des journalistes du Figaro me pose des questions sur mon travail ! Mais j’avoue je n’ai jamais rêvé d’avoir le Grand Prix!!! Cela me semblait trop extrême et trop abstrait! Passer après Druillet Crumb Moebius, Bilal… c’était inenvisageable! Je suis donc très touché et ému de la chose!»
En lice pour cette haute distinction avec Catherine Meurisse et Alison Bechdel, il succède à Julie Doucet.L’Arabe du futur, les Cahiers d’Esther, Les pauvres aventures de Jérémie, Les beaux gosses, Pascal brutal… l’œuvre de Riad Sattouf cumule les succès. À 44 ans, l’itinéraire de cet artiste franco-syrien ressemble un peu à un conte de fées. Celui qui a obtenu en 2010 le César du meilleur premier film pour Les Beaux Gosses, comédie jubilatoire sur les jeunes, a triomphé en bande dessinée dès 2014 avec son autobiographie romancée d’une enfance passée entre la Syrie et la Bretagne L’Arabe du futur , vendue à plus de trois millions d’exemplaires et traduit en vingt-trois langues. Il vient de publier le dernier tome.
Les six volets de cette aventure intime forment un tout quasi pirandellien, où l’auteur de Retour au collège (2005) et de la série Les Cahiers d’Esther joue avec les codes de l’autobiographie, met en scène ses souvenirs d’une manière vertigineuse pour raconter le traumatisme familial qui le toucha alors qu’il n’était qu’un adolescent breton dans la France du début des années 1980.
Né en 1978, l’auteur étudie les arts appliqués à Nantes, puis le cinéma d’animation à Paris, à l’école des Gobelins. Multiprimé à Angoulême, Riad Sattouf a remporté à deux reprises le Fauve d’or du meilleur album en 2010 avec Pascal Brutal et en 2015 le premier volet de L’Arabe du futur, dont le dernier tome figure dans la sélection officielle, cette année. Fervent admirateur d’Hergé, l’artiste a partagé l’atelier de la place des Vosges avec Joann Sfar, Christophe Blain, Mathieu Sapin ou Marjane Satrapi, un peu comme le créateur de Tintin à la grande époque des studios Hergé avenue Louise à Bruxelles. «Dans le fond, ce qui m’a profondément marqué chez Tintin, ce sont ces scènes de rêves», confiait Riad Sattouf au Figaro. Aujourd’hui, il vit un rêve éveillé.