Sous ses ors se sont tournées bien des pages d’histoire. Et le répertoire symphonique n’y est pas étranger. C’est donc tout naturellement que pour cette saison 2023-2024, qui verra les 110 ans du Théâtre des Champs-Élysées, son directeur Michel Franck a souhaité convoquer les grands chefs et les grandes phalanges qui firent l’histoire, et conjuguent aujourd’hui encore l’orchestre au présent.
Un anniversaire en appelant un autre, ces 110 ans permettront en premier lieu de célébrer 100 ans de présence des Viennois avenue Montaigne! C’est en effet en 1924 que débuta cette tradition d’invitation des musiciens de la capitale autrichienne par le Théâtre des Champs-Élysées. Et ce sont à l’époque les musiciens du Staatsoper Orchester qui devaient ouvrir le bal, sous la baguette de l’exigeant Franz Schalk, grand chantre de la tradition et de Mozart.
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Comme un symbole, l’orchestre de l’Opéra reviendra cette saison célébrer ce centenaire, sous la baguette de son directeur musical, Philippe Jordan, en février dans Don Giovanni. Quelques années plus tard, ce sont les Philharmoniker, détachés de la fosse, qui avaient à leur tour marqué l’histoire du TCE. Entre autres avec la création française de Wozzeck. Mais aussi par la venue de chefs de la trempe d’un Karl Böhm ou Karajan.
Une tradition renouvelée après les années 1990, avec des baguettes aussi diverses qu’illustres, allant de Lorin Maazel à Andris Nelsons, en passant par Valery Gergiev. Tous laissèrent au pupitre de la phalange autrichienne autant de soirées inoubliables. Dès septembre, le jeune Tchèque Jakub Hrusa leur succédera sur la scène de l’avenue Montaigne. Prouvant que cette riche histoire se conjugue non seulement au passé et au présent, mais aussi au futur.
Au cœur de cette autre «maison parisienne des orchestres» que constitue le Théâtre des Champs-Élysées, Vienne n’est toutefois pas seule à avoir droit de cité. Tant s’en faut. Pour son ouverture de saison, c’est ainsi l’Orchestre de la Scala, avec l’incontournable Riccardo Chailly, qui devrait marquer les esprits dans un programme tout Verdi. Au total, ce ne sont pas moins de 31 concerts symphoniques qui émailleront ainsi cette nouvelle saison. Emmenés par des baguettes aussi incandescentes que celles de Vladimir Jurowski (avec son Bayerisches Staatsorchester), Thomas Hengelbrock (Orchestre de chambre de Paris, le 19 septembre, avant La Cenerentola d’octobre).
Mais aussi Yannick Nézet-Séguin, qui poursuit son intégrale du Ring wagnérien en concert avec le Rotterdams Philharmonisch par La Walkyrie – laquelle verra les débuts de Stanislas de Barbeyrac en Sigmund! François-Xavier Roth, qui continue sa résidence au long cours avec l’orchestre Les Siècles au Théâtre des Champs-Élysées par quatre concerts allant de Rameau à Schoenberg – selon la tradition d’ouverture des Siècles, et bien sûr une nouvelle production scénique: La Flûte enchantée de Mozart. Christian Thielemann, qui en fin de saison orchestrera le retour de sa Staatskapelle de Dresde, dans un programme à la mesure de sa carrière de chef tant lyrique que symphonique (Wagner, Weber, Strauss…)
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Sans oublier la relève, à laquelle Michel Franck reste toujours attentif. Qu’il s’agisse de soutenir les jeunes voix ou les futurs solistes instrumentaux de demain, ou d’offrir leur chance à de jeunes chefs en puissance. Victor Julien-Laferrière, que l’on a pu voir troquer l’archet pour le frac à plusieurs reprises cette saison, et qui continuera de le faire la saison prochaine au TCE, est définitivement de ceux-là!