Mardi, les jurés du Goncourt et du Renaudot se sont réunis au restaurant Drouant à Paris pour annoncer le nom de leur lauréat. Jean-Baptiste Andrea a remporté la plus prestigieuse récompense littéraire, le Goncourt, avec Veillez sur elle (L’Iconoclaste) au 14e tour avec la double voix du président Didier Decoin. Ann Scott a reçu dans la foulée le prix Renaudot 2023 avec Les Insolents (Calmann-Lévy). Avec son roman subtil sur notre époque en quête de sens, Ann Scott a déjoué tous les pronostics. En effet, tous les parieurs du monde littéraire, avaient misé leurs derniers sous sur Gaspard Koenig et sa fable sur les lombrics.
L’auteure de 58 ans était entrée en littérature avec Superstars, livre adulée par la presse branchée qui le qualifiait de «premier roman pop français crédible». Idole de la Gérération X, cette fille de photographe d’origine russe et d’un père français collectionneur d’art a débuté par la musique à Londres, comme batteuse dans un groupe de rock avant de rentrer en France où elle devient mannequin. C’est à ce moment, alors qu’elle défile sur les catwalks qu’elle se choisit ce pseudonyme en hommage à Francis Scott Fitzgerald. Cette amie et ancienne collocataire de Virginie Despentes avait publié en 2020 un roman incandescent sur la vie des sentinelles d’internet qui ont permis d’éviter, en quatre ans, six attaques djihadistes.
Loin de ces justiciers de l’ombre, Les Insolents raconte l’arrivée «au milieu de nulle part» d’Alex, une compositrice de musique de films qui décide de quitter la capitale pour se réinventer, souhaitant vivre «ailleurs et seule». Le personnage est un double de fiction de l’autrice, qui a quitté Paris pour la Bretagne, où elle vit désormais.
À 45 ans, fâchée avec son meilleur ami, sortant d’une relation amoureuse toxique et fatiguée de Paris, la narratrice, musicienne, trouve une location en bord de mer, et quitte tout… Ce roman tente de saisir cet espace ténu entre solitude assumée et besoin des autres, entre ville et campagne, entre désir et confrontation à la réalité, dans un monde sens dessus dessous.
Les jurés du Renaudot ont attribué leur prix de l’essai à De Gaulle, une vie, de Jean-Luc Barré.