Pékin a appelé jeudi à «ne pas se laisser berner par les mensonges» relatifs à des atteintes aux droits humains au Xinjiang, au moment où les activités du géant allemand de l’automobile Volkswagen dans cette région chinoise sont montrées du doigt. Les autorités imposent depuis plus d’une décennie au Xinjiang (nord-ouest de la Chine) des mesures draconiennes au nom de l’antiterrorisme, après une série d’attentats sanglants attribués par le pouvoir à certains Ouïghours.

Ces mesures se sont durcies à partir de 2017 dans ce vaste territoire frontalier de l’Asie centrale. Volkswagen, premier constructeur européen, est mis en cause depuis des années, soupçonné de recourir au travail forcé dans une usine ouverte en 2013 à Urumqi, la plus grande ville du Xinjiang. Le groupe a affirmé cette semaine être en discussion sur l’avenir de ses activités dans cette région, après des révélations de presse compromettantes concernant un recours supposé au travail forcé sur un autre site.

Les entreprises doivent «discerner le vrai du faux et ne pas se laisser berner par les mensonges», a affirmé dans un communiqué transmis à l’AFP le ministère chinois des Affaires étrangères, interrogé au sujet de Volkswagen. «Les prétendues atteintes aux droits de l’homme au Xinjiang sont un mensonge» destiné à «créer le désordre au Xinjiang, dénigrer et faire pression sur la Chine», ajoute le communiqué, sans mentionner le groupe allemand.

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Des études occidentales, fondées sur des interprétations de documents officiels chinois, des témoignages de victimes présumées et des extrapolations statistiques accusent les autorités de répression contre les Ouïghours, l’une des minorités autochtones du Xinjiang. Ainsi l’Institut australien de politique stratégique (ASPI), un cabinet de recherche créé par le gouvernement australien, ou le chercheur allemand Adrian Zenz ont consacré plusieurs rapports aux politiques chinoises au Xinjiang.

Ces rapports reprochent à Pékin d’y avoir interné arbitrairement au moins un million de personnes dans des «camps» de rééducation politique. Les autorités, qui ont d’abord nié la réalité de telles structures, ont fini par admettre l’existence de «centres de formation professionnelle», destinés à éloigner des «stagiaires» de la radicalisation. Depuis 2019, tous sont désormais «diplômés» et donc libres en théorie, tandis que ces installations ont été fermées, assure Pékin.

Le chimiste BASF, l’un des plus gros groupes allemands, a jeté un pavé dans la mare vendredi en annonçant accélérer la vente de ses participations dans deux coentreprises installées au Xinjiang, où le pouvoir chinois est accusé de répression. Le Xinjiang, à la faveur d’une nette amélioration des conditions sécuritaires, cherche ces dernières années à attirer les investissements étrangers et augmenter le nombre de touristes dans ce vaste territoire réputé pour ses paysages et son patrimoine.