«Business as usual». Après avoir rejeté mercredi, tout comme ses principaux concurrents, la proposition d’Élisabeth Borne de vendre le carburant à perte, Système U a confirmé le lancement d’une nouvelle opération de vente à prix coûtant début octobre. Sur X (anciennement Twitter), le patron du distributeur Dominique Schelcher a dit mercredi après-midi avoir «entendu l’appel» de la première ministre et du gouvernement «pour trouver des solutions face à la flambée des prix du carburant». Mais nulle question de vente à perte.

Système U «jouera son rôle, comme depuis le début de cette crise inflationniste, en lançant dès le 1er week-end d’octobre, les 6 et 7, une opération de vente à prix coûtant», précise-t-il. Pas vraiment une surprise, étant donné que Système U avait fait partie des enseignes à avoir annoncé préparer des opérations à prix coûtant la semaine dernière, à la suite de l’appel lancé par la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

Le groupement coopératif avait à l’époque emboîté le pas de Casino et Intermarché. Chez le premier, des opérations à prix coûtant sont prévues tous les week-ends, vendredi inclus, du 1er septembre au 22 octobre. Pour Intermarché, ce sera les 29 et 30 septembre, les 27 et 28 octobre, les 24 et 25 novembre et les 15 et 16 décembre.

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Toutefois, Système U est le seul distributeur à ne pas avoir exclu complètement le recours à la vente à perte dans ses stations-service. «Pour des raisons économiques, il ne sera pas possible aux entreprises, aux PME de Système U, de faire massivement des opérations de vente à perte de carburant», a jugé mercredi matin Dominique Schelcher, au cours d’une table ronde organisée par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale. Il a également précisé ne jamais avoir appelé à «remettre en cause le seuil de revente à perte», contrairement à ce qu’il semblait avoir sous-entendu sur France Inter la semaine dernière.

Assis à ses côtés, ses principaux homologues de la grande distribution ont pris moins de gants. «Nous ne vendrons pas à perte, parce que nous ne pouvons pas vendre à perte», a lâché Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour, appelant à «ne pas ouvrir cette boîte de Pandore». «On ne va pas utiliser cette possibilité-là, car sinon on devrait augmenter le prix des pâtes. On n’est pas cinglés», a justifié Thierry Cotillard, le patron du groupe Les Mousquetaires (Intermarché). Philippe Michaud, co-président de Leclerc, a quant à lui estimé que «nos entreprises ne sont pas fabriquées pour faire de la vente à perte».

Durant la même table ronde, Alexandre Bompard a également insisté sur le fait que Carrefour continuerait à «faire des opérations à prix coûtant». Une technique, destinée à conquérir ou fidéliser des clients, fréquemment utilisée dans toutes les enseignes de grande distribution, encore plus depuis l’envolée de l’inflation l’an dernier. Et qui devraient encore se multiplier à la faveur de la flambée des cours du pétrole. Sans que l’incidence réelle sur les prix à la pompe soit vraiment notable. Dans le cadre de ces opérations, les tarifs payés par les automobilistes ne baissent en effet que de quelques centimes par litre. D’où la proposition de vente à perte d’Élisabeth Borne, destinée à aller plus loin dans la baisse des tarifs. Face au refus des distributeurs, ce projet semble toutefois être déjà mort-né.