Pagaille sur le réseau. Certains usagers ont dû prendre leur mal en patience en ce début de semaine dans le métro parisien, alors que de nombreux ralentissements ainsi que des pannes de signalisation ont largement perturbé la circulation des trains, en particulier sur les lignes 2, 6, 12 et 13. De «grosses difficultés» dues à la fermeture de la ligne 14, selon l’association d’usagers Plus de Trains, qui a lancé des appels à témoignages mardi et mercredi pour recenser le nombre d’usagers concernés. Nombre d’entre eux ont fait part de leur colère sur les réseaux sociaux.
Parmi eux, une usagère explique par exemple avoir vécu un trajet «problématique» qui a commencé à 8h42 mardi matin à la station Bel Air, «avec huit minutes d’attente dans un métro blindé jusqu’à Denfert, où le quai était littéralement noir de monde». «Une horreur encore ce matin, la (ligne) 13 direction Saint-Denis est une bétaillère. Les trains sont ralentis car ayant du mal à fermer les portes», ajoute cet autre usager. «La ligne 13 est hyper chargée évidemment, ce qui démontre l’utilité de la 14. La RATP n’a-t-elle pas anticipé qu’il y aurait encore du monde lors de la première semaine des vacances de la Toussaint ?», s’interroge un troisième.
En cause ? La fermeture – pourtant prévue et annoncée depuis longtemps – de la ligne 14 jusqu’au 5 novembre, à l’origine de nombreux reports vers les autres lignes. Notamment sur la ligne 13 et sur le RER A. «Ce n’est pas du tout pareil de fermer à la Toussaint que durant le 1er au 10 août, (…) et là, force est de constater que le réseau de métro est beaucoup moins robuste avec la ligne 14 fermée parce que c’est une ligne qui débite beaucoup et elle manque», explique Arnaud Bertrand, le président de l’association Plus de Trains.
Le représentant d’usagers assure avoir pourtant partagé bien en amont ses craintes et inquiétudes avec Île-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports en commun, et avoir réclamé un renforcement de la ligne 13 pour rééquilibrer ce manque. «Mais la 13 n’a pas été renforcée comme elle aurait dû l’être, tout comme le RER A qui se retrouve saturé entre Gare de Lyon et Châtelet, dans sa partie parallèle à la ligne 14», poursuit-il. Lui estime qu’«il aurait peut-être fallu fermer uniquement la deuxième semaine des vacances scolaires». «Personne n’avait prévenu qu’il fallait que les usagers galèrent autant pour que la ligne soit prête pour les JO», lance-t-il finalement.
De son côté, IDFM a remis la pression lundi pour que l’offre soit renforcée. «Nous leur avons demandé de mettre une offre à capacité maximale sur la ligne 13 durant toutes les vacances, ça veut dire une fréquence de métro toutes les 95 secondes, mais ils n’ont pas réussi à la mettre en place et à respecter la commande», a ainsi expliqué l’autorité mercredi, réclamant par ailleurs que «l’information voyageur soit accentuée et renforcée pour informer de la fermeture de la ligne 14» et «préciser l’offre de substitution». Car si la RATP assure, de son côté, avoir mis les moyens nécessaires pour renforcer son réseau, pour IDFM, le compte n’y est pas.
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Consciente du désagrément, la RATP assure de son côté que ce n’est que «ponctuel» et que des agents avaient été positionnés aux postes clés, pour faire «la canalisation» et éviter les mouvements de foule. Pour autant, la journée de mardi a mal débuté sur le réseau avec une série de couacs venus se greffer à la fermeture de la ligne 14. «Nous avons dû gérer quelques incidents», se défend le groupe, énumérant une «avarie de matériel sur la ligne 13, des bagages abandonnés sur les lignes 3 et 9, un problème de signalisation sur la ligne 6 et une avarie de matériel sur le RER A»… Autant de petites pannes «qui ont généré des perturbations ponctuelles à certains endroits du réseau».
Tous ces incidents «ont été résorbés dans la matinée», souligne le groupe. «Nous avons conscience que la fermeture de la ligne 14 a un impact sur nos voyageurs. C’est pour cela que nous privilégions les vacances scolaires pour réaliser ces interruptions de trafic longues», se justifie encore la RATP, ajoutant que «des itinéraires de substitution via d’autres lignes de métro, RER ou bus sont proposés» tout comme «un bus de remplacement M14 est mis en place entre Gare de Lyon et Olympiades».
Par ailleurs, la régie parisienne rétorque que «des campagnes de communication» ont été réalisées, avec «la distribution de flyers», «l’affichage en stations» et autres «annonces sonores». Et ce, «bien en amont pour que nos voyageurs puissent être informés et prendre leurs dispositions». D’autres fermetures sont d’ailleurs «prévues dans les prochains mois», «indispensables pour procéder à tous les essais et tests du nouveau système d’exploitation des trains avant l’ouverture du prolongement de la ligne 14 mi-2024» à Orly au sud et à Saint-Denis Pleyel au nord.
En outre, le groupe rappelle que la ligne 14 est fermée «afin de procéder aux essais des rames et à des tests du nouveau système de pilotage des trains» qui sera «déployé sur la ligne existante et sur la ligne prolongée afin d’accueillir un million de voyageurs par jour en 2024» et «permettra d’exploiter la ligne en descendant jusqu’à un intervalle de 80 secondes entre chaque train». Le renouvellement du système de pilotage automatique sur la ligne existante est en effet «une étape essentielle à la mise en service des prolongements», et s’est fait «sans interruption majeure de l’exploitation». «Une première mondiale», se targue la RATP.