«Bonjour !» s’exclament en chœur Sofia et Sara lorsque leurs visages radieux s’affichent sur l’écran du téléphone. Malgré l’heure matinale à Bogota – décalage horaire oblige – et le français un peu hésitant, leur enthousiasme ne fait aucun doute. «On est tellement heureuses, c’est un rêve qui va se réaliser», s’exclament ces deux sœurs colombiennes de 25 et 23 ans, qui se sont lancées dans une aventure un peu folle : être volontaires ensemble aux JO de Paris 2024. Et leur motivation a payé : elles ont obtenu une réponse positive le 15 décembre et s’envoleront donc pour la France cet été.
L’intérêt des jeunes femmes pour les Jeux olympiques n’est pas nouveau. «Nous regardons les JO depuis que nous sommes petites, nous avons toujours aimé le sport. Nous faisons du judo, de la natation, un peu de tout», raconte Sofia, à l’initiative du projet. «Prendre part à un événement mondial, c’est très excitant, nous adorons aider les autres, c’était une occasion unique». Les deux sœurs ont déjà fait du bénévolat, mais ce sera une grande première dans l’univers du sport. Sofia et Sara, qui ont suivi leur scolarité dans une école bilingue de Bogota, ne s’inquiètent pas pour la communication avec les participants à l’événement. Si elles sont plus à l’aise en anglais qu’en français, elles parlent également, à elles deux, italien, allemand, russe et turque… ce qui laisse pas mal de possibilités pour orienter les visiteurs. Car, cerise sur le gâteau, elles ont eu la chance d’avoir la même affectation, l’équipe transport au Bourget. Une mission encore assez floue qui les occupera 6 jours sur 7, de 7 heures à 15 heures. Avant cela, elles feront également partie des bénévoles qui participeront à l’organisation de la cérémonie d’ouverture.
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Ce défi est assez cohérent avec les choix professionnels des deux jeunes femmes. À Bogota, Sofia, qui a un diplôme de gestion d’entreprise, est manager dans un hôtel et a travaillé dans l’événementiel tandis que Sara, fraîchement sortie de l’école, est consultante pour l’Agence française de développement. Pour mener à bien ce projet, il a aussi fallu composer avec la réalité. Si Sofia sacrifie ses 15 jours de congés payés annuels, Sara, qui termine son contrat en juillet, ne recevra aucun salaire pendant son séjour. Le budget est donc loin d’être illimité. Et entre les billets d’avion et l’hébergement, la facture du voyage de 3 semaines à Paris au milieu de l’été, au cœur d’un événement planétaire, s’annonçait d’emblée particulièrement salée. «Dès qu’on a candidaté on a commencé à mettre de l’argent de côté», expliquent-elles.
Avant même de mettre un premier pied en France, il a fallu payer 1200 euros pour les deux billets d’avion (malgré un achat bien en amont) et 1600 euros pour 21 jours dans un trois-pièces du 12e arrondissement qu’elles ont trouvé grâce au réseau d’entraide entre volontaires. «Il nous fallait un appartement un minimum confortable, puisque nos parents vont nous rejoindre la dernière semaine pour terminer en famille ce voyage inoubliable», racontent les deux sœurs, qui connaissent déjà Paris. «Heureusement, en tant que volontaires, on a les transports gratuits», sourient-elles. Un avantage bienvenu, même si ce n’est pas pour faire des économies qu’elles ont décidé d’êtres volontaires, plutôt que simples spectatrices. «C’est avant tout parce que cela correspond à nos valeurs. Au final, cela va nous coûter cher», reconnaissent les deux jeunes femmes, qui espèrent tout de même pouvoir «profiter de l’atmosphère sans trop dépenser…». En attendant, elles peaufinent les détails de leur voyage, avec le soutien total de leur famille, «très fière» de l’aventure que Sofia et Sara s’apprêtent à vivre. Plus que quelques semaines de patience !