«Je n’y crois pas du tout». Le ton est donné, et la position, claire. Interrogé lors de la Rencontre des entrepreneurs de France (REF 2023), organisée par le Medef, le ministre délégué chargé des Transports s’est prononcé contre une hypothétique limitation des voyages, une piste avancée par certains face au réchauffement climatique. Si les transports représentent 30% des émissions de gaz à effet de serre, «je ne crois pas que la restriction soit la bonne réponse», a jugé Clément Beaune.
«Je ne crois pas du tout à la restriction de la mobilité», a ajouté le ministre délégué, s’opposant également à l’instauration d’un quota de «quatre vols dans une vie» pour chaque citoyen. Une piste suggérée par l’ingénieur Jean-Marc Jancovici : «On pourrait instaurer un système où lorsqu’on est jeune, on a deux vols pour découvrir le monde et quand on est vieux, on part en vacances en Corrèze en train», disait-il ainsi, en mai. «Je n’y crois pas du tout, ne serait-ce que pour des questions opérationnelles», lui a répondu le membre du gouvernement.
À la place des «restrictions», Clément Beaune a privilégié des «changements de comportement, y compris par la norme et la fiscalité», ainsi que la transformation du secteur des transports, qui doit se décarboner au plus vite. L’avion doit ainsi réduire la pollution, «y compris par l’investissement et l’innovation». De même, la taxation des billets d’avion doit aussi permettre non de «punir» l’avion, mais plutôt de «financer» ces transformations, a argumenté le représentant du gouvernement.
À lire aussiFaut-il arrêter de prendre l’avion pour sauver la planète ?
Le ministre délégué n’était pas le seul à parier ainsi sur les progrès techniques. Interrogée lors de la même table ronde, la présidente (LR) de la région Pays de la Loire, Christelle Morandais, a également estimé qu’interdire les vols ne servait «à rien». «On pourrait fermer tous les aéroports, mais le problème n’est pas franco-français […]. La réalité, c’est qu’on a les États-Unis, la Chine, L’inde, des pays qui ne sont pas dans l’interdiction mais vont vers l’avant», a-t-elle argumenté. Même constat pour Augustin de Romanet : le PDG du groupe ADP a également parié sur le «progrès technique» pour décarboner les transports, assurant que des avions électriques circuleraient, à l’échelle régionale, dès «2028-2029». «Il faut que les jeunes fassent des mathématiques, de la chimie, et nous aident à trouver le progrès technique qui rende le transport aérien supportable», a-t-il conclu, sous les applaudissements.