Le numéro un mondial de l’automobile Toyota a nettement musclé ses prévisions annuelles mercredi grâce à la faiblesse du yen, après avoir vu ses résultats bondir au deuxième trimestre grâce à des ventes record et à l’amélioration des conditions de production. Toyota a réalisé un premier semestre turbo, porté par une forte demande notamment au Japon, en Amérique du Nord et en Europe, après avoir souffert l’an dernier comme l’ensemble du secteur automobile de la pénurie de semi-conducteurs et des perturbations sur les chaînes d’approvisionnement.

Le groupe a ainsi annoncé lundi avoir réalisé entre avril et septembre des ventes record en volume, avec 5,6 millions de véhicules écoulés (en incluant ses autres marques Daihatsu et Hino). Rendu encore plus confiant pour l’ensemble de l’exercice 2023/24 qui se terminera fin mars, Toyota table désormais sur un bénéfice net de 3.950 milliards de yens (24,7 milliards d’euros) au lieu de 2.580 milliards de yens lors de ses dernières prévisions en mai, un bond de 61% sur un an.

Il prévoit un bénéfice opérationnel de 4.500 milliards de yens (28,1 milliards d’euros) contre 3.000 milliards de yens jusque-là, ce qui serait une hausse de 65,1%, imputant cette massive amélioration de ses objectifs à des effets de change sur fond de plongée du yen. Ses prévisions sont ainsi désormais calculées sur un taux de change de 141 yens pour un dollar, contre 125 yens précédemment.

À lire aussiToyota FT-Se, un avant-goût de Supra électrique

Toyota s’attend maintenant à un chiffre d’affaires en progression de 16% sur un an à 43.000 milliards de yens (269 milliards d’euros), au lieu de 38.000 milliards de yens précédemment. Son objectif de ventes en volume sur 2023/24 est resté inchangé à 11,38 millions de véhicules, ce qui serait un record et une hausse de 7,8% sur un an. «Le groupe devrait atteindre, voire dépasser son objectif de production», a commenté Satoru Takada du cabinet TIW, interrogé par l’AFP en amont des résultats, notant que «la production de Toyota a été très forte, très régulière».

Sa situation est moins favorable sur le marché chinois, où le groupe nippon a vu ses résultats fondre au premier semestre, citant les fluctuations dans les taux de change et une augmentation de ses frais de vente. En Chine, «nous sommes entrés dans une très forte concurrence en matière de prix et de ristournes, et nous constatons qu’il existe également une forte compétition pour les prix des véhicules électriques», a déclaré mercredi le directeur financier du groupe Yoichi Miyazaki lors d’une conférence de presse.

Les constructeurs nippons souffrent de manière générale en Chine, où leurs ventes ont chuté de 19% en volume sur les neuf premiers mois de 2023, tandis que celles des marques chinoises ont bondi de 20% sur la même période, selon le site spécialisé Marklines. À l’échelle mondiale, le chinois BYD a ainsi vendu quasiment autant de véhicules entre juillet et septembre que Nissan, a rapporté le quotidien Nikkei. Mitsubishi Motors, allié de Renault et Nissan, a lui carrément jeté l’éponge la semaine dernière en renonçant à sa production en Chine, qu’il avait déjà suspendue depuis mars.

À lire aussiVéhicule électrique: l’offensive technologique de Toyota

Après un démarrage tardif dans le secteur des véhicules électriques, Toyota tente aussi de rattraper les leaders actuels du secteur comme BYD et l’américain Tesla. Il a ainsi annoncé mardi un investissement supplémentaire de 8 milliards de dollars dans son usine de batteries en construction en Caroline du Nord (sud-est des États-Unis), qui fournira des batteries pour véhicules électriques et hybrides. Toyota avait aussi noué le mois dernier une collaboration avec le géant énergétique japonais Idemitsu Kosan pour produire en masse des batteries solides pour les véhicules électriques.

Au deuxième trimestre (juillet-septembre), Toyota a vu son bénéfice net quasiment tripler à 1.278 milliards de yens (8 milliards d’euros) et son bénéfice opérationnel plus que doubler à 1.438,4 milliards de yens (9 milliards d’euros). Ses ventes ont bondi de 24% à 11.434,8 milliards de yens (71,5 milliards d’euros). Toyota a par ailleurs annoncé mercredi un rachat de ses propres actions pour un montant maximum de 100 milliards de yens (625 millions d’euros). Les investisseurs à la Bourse de Tokyo ont salué les annonces du groupe, dont l’action a clôturé mercredi en hausse de 4,71%.