Supprimer les aides au logement ? Le coup de rabot de cinq euros sur les APL annoncé en juillet 2017 avait provoqué un tollé et marqué le tout début du premier quinquennat Macron comme celui d’un «président des riches» et déconnecté. Alors après qu’un ministre a confié à Paris Match que les APL «ne servent à rien» et que des députés de la majorité assument de vouloir revoir le système, le gouvernement s’est empressé d’éteindre le début d’incendie ce jeudi 21 mars. «J’ai vu fleurir ça hier», a reconnu le ministre délégué aux Comptes publics Thomas Cazenave sur Franceinfo, avant de démentir «catégoriquement» l’information. «Il n’y a pas de projet de réforme, de suppression ou de rabot sur les aides publiques au logement.»

Dans un article de l’hebdomadaire, un ministre dont le nom n’est pas cité fustige pourtant les APL : «Ça nous coûte près de 14 milliards d’euros par an. Et cet argent va directement dans la poche des propriétaires.» Un député Renaissance abondait dans ce sens, estimant que les aides au logement – dont l’APL est la plus connue – «n’aident pas à la baisse des prix», les pointant comme une piste pour les 20 milliards d’économies que le gouvernement souhaite trouver avec le Parlement pour le budget 2025.

Les aides au logement (APL, ALS et ALF), versées aux foyers les plus modestes et modulées selon leur niveau de revenu, ont coûté 15,4 milliards d’euros en 2022, selon un rapport du ministère de la Transition écologique. Un montant «en recul pour la sixième année consécutive», aidé par la baisse du nombre de bénéficiaires. Ils étaient 5,5 millions à toucher l’une des trois aides en 2022, dont 2,5 millions pour la seule APL. Cette dernière s’élevait, en moyenne, à 219 euros par mois et par foyer.

Le mécanisme du calcul des APL avait été modifié en 2021, pour prendre en compte les revenus des douze derniers mois glissants plutôt que les revenus de l’année n-2 à partir de l’avis d’imposition. Le gouvernement en espérait un milliard d’euros d’économies, mais la réforme s’est avérée moins rentable que prévu. En octobre 2023, les APL avaient par ailleurs été revalorisées de 3,5% pour coller au «bouclier loyer» qui limitait les hausses en dessous du niveau de l’inflation.

Sept ans après le fiasco des cinq euros en moins sur les APL, le traumatisme reste intact dans le camp présidentiel, qui ne semble donc pas prêt à se risquer à un nouveau coup de rabot. Face à des étudiants en 2019, Emmanuel Macron avait reconnu «traîner [cette mesure] comme un boulet».