C’est un discours que tient régulièrement Michel-Édouard Leclerc : il faut «revisiter les lois françaises trop inflationnistes». Invité ce vendredi matin sur BFMTV, le président du comité stratégique des centre E. Leclerc s’est étonné du fait que la population semble «s’accommoder d’une inflation à 4%» qui pèse particulièrement sur les ménages modestes. Pour y remédier, il faudrait selon lui «négocier au jour au jour» afin de «faire baisser les prix». Un appel à changer les règles du jeu encadrant les échanges entre industriels et distributeurs.
Aujourd’hui, les négociations ne se font «pas suffisamment en temps réel», a-t-il déploré. Une situation qui fait du consommateur «le dindon de la farce […], parce que l’inflation, c’est un impôt qui n’est pas discuté au Parlement, inégalitaire, qui touche particulièrement les populations les plus pauvres et les plus démunies». «Aujourd’hui, on devrait être en mode combat contre l’inflation», a-t-il lancé, regrettant le manque de soutien du «Parlement, [du] Medef» et de la CPME dans cette lutte menée par l’exécutif.
Pour le représentant des centres E. Leclerc, les lois françaises, «faites à des périodes de déflation», sont désormais obsolètes. Rédigées avec les meilleures intentions pour «aider l’agriculture française et faire jouer la préférence française», elles contraignent aujourd’hui les acteurs, par exemple en interdisant les promotions au-delà d’un certain niveau sur des produits non alimentaires en rayon, a-t-il argumenté. «Est-ce que vous trouvez normal qu’il y ait une loi française qui oblige les commerçants français à prendre 10% de marges minimum sur des produits alimentaires alors que l’inflation est à 17% ? Est-ce que vous trouvez normal qu’à l’heure où les pouvoirs publics nous téléphonent pour nous dire ce serait bien que vous fassiez des opérations à prix coûtant , mais que dans le même temps, je dois limiter mes promotions sur les produits agricoles, sur les produits agroalimentaires ou encore sur les produits d’entretien ?», a-t-il fait mine de s’interroger.
Pour Michel-Édouard Leclerc, il n’y a «aucune raison qu’on interdise les promotions sur le Coca, le Nutella ou le jus d’orange au prétexte d’aider les agriculteurs». Sans remettre en cause la nécessité de «consolider les filières françaises», le distributeur a suggéré de permettre aux acteurs de «négocier tout le temps. Comme cela se fait partout en Europe». Et ce, pour que les prix en rayons puissent baisser, et certes augmenter de la même façon, au jour le jour. Pour l’heure, la baisse de certains coûts pour les industriels, comme le carton, le papier ou l’électricité, ne se répercute pas suffisamment sur les prix en rayons, a plaidé l’homme d’affaires. «Depuis douze mois, le prix du tournesol a ainsi baissé de 29%, le blé de 27% et l’huile de colza de 23% dans les faits mais pas encore dans les supermarchés. […] Normalement, si on négociait au jour le jour, on pourrait déjà baisser les prix», a ensuite conclu Michel-Édouard Leclerc.