Un nouveau front dans la bataille entre distributeurs et industriels, autour de ce que l’on appelle la «shrinkflation». Soit la petite combine des géants de l’agroalimentaire consistant à réduire la quantité d’un produit tout en gardant un prix identique, voire en l’augmentant. Si le gouvernement, par la voix de Bruno Le Maire, a promis de s’attaquer au phénomène, Carrefour a décidé de prendre les devants.

Invité dans l’émission «C dans l’air» sur France 5 mercredi soir, le PDG de l’enseigne Alexandre Bompard a annoncé que, «dès lundi», dans tous ses magasins, il y aurait «une étiquette sur les produits sur lesquels on a de la shrinkflation, qui dira : ce produit a vu son contenant baisser et son prix augmenter». «Comme ça, on va avoir une information la plus fiable possible pour les consommateurs, parce que c’est inacceptable de faire ça pour le consommateur», a-t-il taclé.

Les industriels s’en offusquent. Jean-Philippe André, à la tête de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), a tenu à répondre à Alexandre Bompard ce jeudi matin sur RTL. «Ce n’est pas parce que quelqu’un dit quelque chose d’exagéré, venant même d’une personne de qualité comme M. Bompard, que cela devient vrai», a répliqué celui qui est aussi président du directoire de Haribo France. Pour l’industriel, «il n’y a pas d’arnaque sur ces produits-là». «Dire qu’il y a de l’arnaque, c’est très hypocrite, a-t-il fustigé. Les distributeurs ont accepté ces produits comme tels.»

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Par ailleurs, selon Jean-Philippe André, la shrinkflation reste une pratique peu courante. «La liste qui a été publiée il y a 2-3 jours concerne 41 produits alimentaires. Vous avez 20.000 références alimentaires dans un supermarché, on est en train de parler de 0,2%», a-t-il recadré. Celui-ci fait sans doute référence à la liste de 122 produits touchés par le phénomène et sortie dernièrement par BFMTV. En revanche, le patron de l’Ania s’est montré favorable à «améliorer encore l’information du consommateur».

Sur Franceinfo ce jeudi, Bruno Le Maire a persisté et signé. Pour lui, la «shrinkflation» est «une arnaque, c’est scandaleux». Le ministre de l’Économie a confirmé que le projet de loi qui sera présenté début octobre, visant notamment à avancer les négociations entre industriels et distributeurs, comprendra «une disposition qui obligera les industriels à faire figurer de manière très visible la réduction de contenu quand ils gardent le même packaging». Le gouvernement va par ailleurs saisir le Conseil national de la consommation sur ces pratiques, avait indiqué le locataire de Bercy au JT de 13H de France 2 la semaine dernière.