Le jour de Choose France, même les entreprises françaises font le choix de la France. À l’occasion de la grand-messe organisée tous les ans à l’Élysée à destination des entreprises étrangères, le géant pharmaceutique Sanofi annonce qu’il investira dans l’Hexagone 1,1 milliard d’euros supplémentaires d’ici à 2030 pour développer ses capacités de production de nouveaux médicaments.
«Sanofi a un nombre record de médicaments et de vaccins en développement […], souligne Paul Hudson, le directeur général du groupe. Avec ces investissements industriels sans précédent, nous restons fidèles à notre histoire en faisant à nouveau le choix de la France pour les produire. La France est et sera toujours au cœur de la stratégie de Sanofi.»
Dans le détail, 1 milliard d’euros sera investi à Vitry-sur-Seine, pour construire une nouvelle usine qui permettra de doubler sur ce site la production d’anticorps monoclonaux, un type de médicaments sur lequel mise Sanofi. Parmi les douze médicaments blockbusters que le laboratoire pharmaceutique espère développer ces prochaines années, plusieurs, comme ceux destinés à traiter la bronchite chronique, l’asthme ou la sclérose en plaques, pourraient être produits à Vitry, qui disposait déjà d’un savoir-faire dans ce domaine.
Sanofi investira par ailleurs 100 millions d’euros sur son site du Trait, en Normandie, pour accroître les capacités de production de son médicament blockbuster, le Dupixent, dont il espère obtenir prochainement l’approbation dans le traitement de la bronchite chronique. 150 emplois devraient y être créés.
Le groupe relocalise enfin en France, à Lyon Gerland, la production du Tzield, un médicament contre le diabète de type 1 dont Sanofi a fait l’acquisition en avril 2023 et qui était jusqu’à présent produit aux États-Unis.
Sanofi double ainsi le montant des investissements annoncés dans le secteur pharmaceutique dans le cadre de Choose France. Pfizer a en effet annoncé y investir 500 millions d’euros supplémentaires, AstraZeneca 350 millions, GSK 140 millions et Novartis 28 millions, soit au total un peu plus d’un milliard d’euros.
Si Sanofi est un groupe français, l’Hexagone ne représente que 4,5% de son chiffre d’affaires. L’investissement annoncé ce lundi aurait pu être réalisé aux États-Unis. Mais le groupe choisit de renforcer son ancrage français. 60% des médicaments commercialisés par Sanofi sont aujourd’hui fabriqués en Europe. C’est 30% en France. Ce nouvel investissement permet d’asseoir ce positionnement privilégié de l’Hexagone, au moment où le groupe opère un virage stratégique vers les médicaments innovants et l’immunologie.
«Nous disposons désormais en France de toutes les technologies dont nous avons besoin. Nous avions déjà investi 500 millions d’euros à Neuville sur Saône pour construire une usine évolutive pour les médicaments biologiques et les vaccins, notamment à ARNm, rappelle Audrey Derveloy, présidente de Sanofi France. Nous avions également investi 250 millions d’euros pour construire en Normandie la plus grande unité de production d’Europe de vaccins contre la grippe. S’agissant de nos futurs médicaments, nous étions forts sur les vaccins et les petites molécules, moins sur la production des anticorps monoclonaux que nous sommes en train de développer. C’est chose faite.»
La France est bénéficiaire de 35 à 40% des investissements réalisés par Sanofi dans le monde. Depuis 2020, 2,5 milliards d’euros y ont déjà été investis. Cette préférence française n’empêche pas le laboratoire pharmaceutique de pester contre le niveau de la fiscalité dans l’Hexagone, les difficultés à accéder au marché ou la faiblesse du prix des médicaments. «Les entreprises qui font le choix de la France, qu’elles soient françaises ou étrangères, aimeraient que leurs efforts soient mieux reconnus», plaide Audrey Derveloy.