Plusieurs centaines de personnes sont entrées samedi dans le site du chimiste Arkema à Pierre-Bénite (Rhône) pour dénoncer la pollution aux perfluorés (PFAS). Revêtus de combinaisons blanches, des militants d’Extinction Rebellion et Youth for Climate ont sectionné les grillages d’entrée du site pour s’y introduire. Ils ont ensuite déployé deux banderoles à l’intérieur de la plateforme. Sur l’une d’elles, on pouvait lire le mot «poison» surmonté d’une tête de mort. Sur les murs ont été taguées les inscriptions «PFAS dites la vérité!» «Arkemagouilles» ou encore «Arkema nous empoisonne».

Plus de 300 personnes ont participé à cette action, selon le porte-parole des organisateurs. Certaines sont arrivées en train, d’autres en bus. Une dizaine de militants qui n’étaient pas sortis du site à l’arrivée des forces de l’ordre ont été interpellés. La préfecture du Rhône a signalé huit interpellations, mais «l’intervention des CRS était toujours en cours» en milieu d’après-midi, a-t-elle précisé. Cette action intervient alors que le chimiste Daikin, également à Pierre-Bénite, a reçu l’autorisation de construire une nouvelle unité de production, suscitant la colère des habitants.

Après la diffusion de plusieurs enquêtes journalistiques en 2022, les autorités régionales avaient lancé des contrôles, notamment au niveau de l’Agence régionale de santé (ARS), qui avait mis en ligne mi-janvier le résultat d’une analyse sur les eaux de consommation. Ces derniers mois, plusieurs collectivités et des particuliers ont lancé des plaintes collectives pour «mise en danger de la vie d’autrui» en s’inquiétant de «concentrations alarmantes» de PFAS liés à des sites industriels dans la vallée de la chimie, au sud de Lyon, où se trouve le site d’Arkema.

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Les PFAS, composés poly- et perfluoroalkylés (une famille regroupant plus de 4700 molécules), sont dotés de propriétés anti-adhésives et imperméables et sont massivement présents dans la vie courante: poêles en Teflon, emballages alimentaires, textiles imperméables, automobiles… Quasi indestructibles, ils s’accumulent avec le temps dans l’air, le sol, les eaux des rivières, la nourriture et jusque dans le corps humain, d’où leur surnom de polluants «éternels». En cas d’exposition sur une longue période, ils peuvent avoir des effets sur la fertilité ou favoriser certains cancers, selon de premières études.