Combien seront-ils dans la rue mardi 7 février ? Après deux premières journées réussies pour les syndicats, avec 1,12 million de manifestants le 19 janvier et 1,27 douze jours plus tard, la question est sur toutes les lèvres, à quelques heures d’un troisième appel à la mobilisation contre le projet de loi porté par le gouvernement Borne. Grâce à notre analyse de l’ensemble des manifestations ayant déjà eu lieu dans l’Hexagone et dans les DOM-TOM, Fig Data vous propose cinq infographies afin de comprendre ce mouvement social, inédit depuis une décennie.

Unis, les syndicats ont réussi leur pari la semaine dernière, réunissant 1,27 million de personnes partout en France, dont 87 000 à Paris. 221 défilés ont rassemblé un nombre égal ou supérieur de protestataires tandis que seulement 35 voyaient leurs rangs se clairsemer. À Thonon, en Haute-Savoie, la mobilisation a été multipliée par près de sept, de 200 à 1 300. Même chose à Saint-Omer dans le Pas-de-Calais, avec 4 500 individus présents contre 1 450, en deux cortèges, la fois précédente. La progression la plus symbolique est à signaler en Ardèche, à Annonay, la commune du ministre du Travail Olivier Dussopt, principal promoteur de la réforme. Ils étaient 7 000 à dire non au projet de loi de leur ancien maire. C’est 4 000 de plus que lors du premier défilé, selon les autorités.

À lire aussiRéforme des retraites : pourquoi les «villes moyennes» sont-elles massivement dans la rue ?

À l’échelle départementale, c’est le Vaucluse qui a environ doublé son nombre de manifestants, porté par la seule mobilisation avignonnaise. Dans la Cité des papes, 7 600 personnes battaient le pavé mardi dernier, contre uniquement 3 500 lors du précédent jour de grève, le 19 janvier.

Les cortèges ont par ailleurs été massifs dans les préfectures et autres «villes moyennes». Un habitant de Morlaix (Finistère) et ses alentours sur six était dans la rue. Quelques kilomètres plus au sud, à Quimperlé, il y avait 5 000 protestataires pour 35 000 individus dans l’aire urbaine. Si la Bretagne est coutumière des grandes manifestations, c’est moins le cas du Grand Est. Pourtant, 10% de la ville de Langres (Haute-Marne) défilait ainsi contre le projet de loi présenté par Emmanuel Macron.

C’est également en Haute-Marne, à Joinville, que s’est déroulé l’un des 21 nouveaux rassemblements, mardi 31 janvier. Trois manifestations supplémentaires ont aussi eu lieu dans la Somme, à Albert, Péronne et Doullens, deux en Vendée (Les Sables-d’Olonne et Challans) comme en Meurthe-et-Moselle (Toul et Longwy). Signe concret du dynamisme des premières journées de mobilisations, seulement trois points de rendez-vous ont disparu entre le 19 et le 31 janvier : Montval-sur-Loir, Nogent-sur-Oise et Chauny. Ils n’avaient rassemblé que 2 870 grévistes.

Avec sa grande différence entre les estimations des autorités et celles des syndicats, ce mouvement social n’échappe pas à la règle. La capitale demeure l’endroit où l’écart est le plus important — de 87 000 à 500 000 individus. Marseille n’est guère épargnée par ce phénomène français. Lorsque la préfecture des Bouches-du-Rhône comptait un manifestant, les syndicats en voyaient plus de cinq sur la Canebière. Le rapport était semblable à Saint-Étienne (Loire), avec entre 9 150 et 50 000 personnes dans la rue, ainsi qu’à Lille (Nord) — de 15 000 à 70 000 protestataires.