«On est à l’aune de nouvelles baisses de prix.» Au gouvernement, on commence à souffler. Après une longue période d’inflation galopante, les prix se stabilisent depuis quelques mois. Certains produits alimentaires (les yaourts Danone, les pâtes Panzani, le Coca-Cola Sans Sucres, pour ne citer qu’eux) ont même vu leur étiquette s’alléger cet été dans les grandes surfaces, après qu’une quarantaine d’industriels ont accepté de «faire un effort» sur environ 1000 références, comme annoncé mi-juillet par la ministre déléguée aux PME et au Commerce, Olivia Grégoire. Des baisses qui vont se poursuivre à la rentrée dans certains rayons, à la grande satisfaction d’un exécutif mis sous pression par les dernières tensions inflationnistes.
«Parmi les catégories où on peut s’attendre à voir les prix baisser, il y a toutes les catégories sur lesquelles les céréales étaient à l’origine d’une forte inflation», anticipe Emmanuel Fournet, directeur analytique chez NielsenIQ. Les cours des céréales, en particulier du blé, étant en effet en recul depuis plusieurs mois, après avoir explosé au moment de l’invasion de l’Ukraine par la Russie début 2022. «Le prix de la tonne de blé est deux fois moins élevé qu’au début de la crise en Ukraine», souligne le spécialiste de la grande distribution Olivier Dauvers.
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Ce phénomène devrait tirer encore à la baisse le prix des pâtes, déjà sur une pente descendante (-0,1% mi-juillet sur un mois, selon NielsenIQ). Dans les magasins Lidl, la baisse devrait se situer «aux alentours de 5 à 10%», a précisé Michel Biero, directeur exécutif achats et marketing de l’enseigne, la semaine dernière sur RMC. Les pâtes alimentaires devraient être rejointes dans cette dynamique baissière par le pain, les viennoiseries, la farine, ou encore les céréales du petit-déjeuner.
Les biscuits pourraient aussi voir leur prix diminuer à la rentrée. Davantage de références de biscuits salés d’apéritifs que de biscuits consommés au goûter pourraient être concernées. La faute au cours du sucre, qui ne se calme pas, tout comme le prix du cacao. Ce qui n’empêche pas que certains produits sucrés puissent tout de même baisser à la rentrée. «Tout est une question de proportions dans la composition des produits», explique-t-on au cabinet d’Olivia Grégoire. À l’instar du blé, le cours du café sur les marchés est aussi en baisse, et celle-ci pourrait donc se répercuter en rayons – le café torréfié a déjà baissé de 0,1% en rayons mi-juillet sur un mois selon NielsenIQ.
Dans le rayon boucherie-charcuterie, les produits à base de volaille – dont les prix sont déjà en recul – devraient eux aussi bénéficier de l’accalmie sur le marché des céréales, base de l’alimentation de ces animaux. Ce ne sera pas le cas du porc, dont le cours reste élevé en raison des difficultés rencontrées par la filière. Les tarifs des produits à base de porc ont même «tendance à augmenter», observe-t-on dans l’entourage d’Olivia Grégoire. L’alimentation pour chiens ou chats pourrait par ailleurs aussi être concernée par des baisses de prix à la rentrée, selon NielsenIQ.
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De là à anticiper un «septembre vert» dans les rayons des supermarchés, il y a un pas. Que les distributeurs rechignent à franchir, sans doute pour ne pas susciter d’attentes démesurées de la part de leurs clients. «Chez Lidl, on va baisser les prix. Mais je ne veux pas parler de septembre vert. Il sera vert pâle, pas rouge», a estimé Michel Biero sur RMC, dans la même veine que ses propos tenus sur RTL fin juillet. Il n’y aura pas de baisses significatives, si ce n’est «quelques centimes» d’euros sur certains produits, avait-il martelé. Son confrère Michel-Édouard Leclerc prend moins de gants : «Il n’y aura pas de septembre vert. Il n’y aura pas de baisse massive des prix», a lancé sur Europe 1 l’historique patron des centres E.Leclerc fin juillet.
«De manière générale les prix vont certes baisser mais légèrement, on ne reviendra pas aux prix que les consommateurs ont connus début 2022, prévient en effet Emmanuel Fournet, du panéliste NielsenIQ. Les industriels ont souvent acheté leurs matières premières ou payé leur énergie à des prix datant d’il y a plusieurs mois. Cela met donc du temps à se mettre en place.» Les baisses évoquées s’annoncent donc modestes pour l’instant. Il faudra probablement attendre jusqu’en mars prochain, période traditionnelle des négociations commerciales annuelles entre industriels et distributeurs, pour qu’elles soient plus marquées.
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De plus, certains produits pourraient continuer à voir leur étiquette gonfler en cette rentrée. À l’image de l’huile d’olive, victime de la sécheresse en Europe, et qui n’est pas à l’abri d’une pénurie à l’automne prochain. Un manque de disponibilité qui devrait faire mécaniquement monter les prix. Cette sécheresse pourrait aussi faire grimper les prix de certains fruits, dont les récoltes sont mises à mal par la météo estivale, selon NielsenIQ. Enfin, le jus d’orange pourrait continuer à monter, victime notamment de l’effondrement de la production d’oranges en Floride, ravagée par le passage des ouragans Nicole et Ian à l’automne 2022 et touchée par la maladie dite du dragon jaune. Les turbulences sont encore loin d’être terminées pour les consommateurs dans les rayons des grandes surfaces.