Sony a œuvré, en toute illégalité et pendant plus de quatre ans, pour empêcher les joueurs de bénéficier de manettes de PlayStation 4 plus abordables car proposées par des fournisseurs tiers. C’est ce que dénonce l’Autorité de la concurrence dans un communiqué diffusé ce mercredi 20 décembre, qui annonce avoir infligé une amende de 13,5 millions d’euros à la maison mère japonaise de Sony et trois filiales en Europe et en France. C’est à la suite d’une saisine de Subsonic, fabricant français de manettes de jeux vidéo, que cette décision survient.
Commercialisée depuis 2019, la manette de PS4 produite par Sony ou des fabricants sous licence coûte entre 60 et 75 euros. Celles produites par des tiers qui ne disposent pas de licence payante sont beaucoup moins onéreuses. Pour empêcher l’achat de ces manettes non officielles, Sony a mis en place des pratiques illicites, relève l’Autorité de la concurrence. D’abord, elle a provoqué sciemment des dysfonctionnements de manettes de PS4 «non officielles», et ce dès novembre 2015, «prétendument mis en œuvre pour lutter contre la contrefaçon, et qui a eu pour effet d’affecter le bon fonctionnement des manettes de jeux tierces», conduisant notamment à leur déconnexion régulière.
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Par ailleurs, l’Autorité soutient également que Sony ne révélait pas clairement les conditions nécessaires pour obtenir la licence officielle afin de fabriquer et vendre des manettes compatibles. Cette politique a donc empêché les entreprises concurrentes de rejoindre le programme «OLP», la seule façon pour obtenir une licence pour les fabricants tiers, indispensable pour que les manettes fonctionnent correctement avec la PS4.
Cette politique opaque a donc permis à Sony d’appliquer les critères «de manière discrétionnaire». Le géant japonais a ainsi pu favoriser ses propres manettes ou celles de ses partenaires privilégiés, au détriment des autres concurrents et des consommateurs. Le plaçant ainsi en position dominante sur le marché de la fourniture de manettes pour PS4.
Le gendarme de la concurrence en retient donc que ces pratiques ont porté atteinte à la réputation des fabricants tiers auprès des joueurs et des distributeurs. Les joueurs ont pu croire que les manettes des fabricants tiers étaient de mauvaise qualité ou non conformes, et les distributeurs ont pu donc réduire leur offre ou leur visibilité. Cela a donc freiné le développement des concurrents de Sony, en limitant leurs ventes et leurs parts de marché. À ce titre, Sony et trois de ses filiales devront payer une amende de 13,5 millions d’euros. Pour rappel, le chiffre d’affaires de Sony était estimé à 6,3 milliards d’euros en 2022.