Bertrand Meunier, président du conseil d’administration d’Atos, a démissionné après les critiques visant le projet d’une cession partielle à Daniel Kretinsky, annonce le groupe informatique dans un communiqué. Bertrand Meunier est remplacé par Jean-Pierre Mustier. La vente au milliardaire tchèque est reportée au deuxième trimestre 2024, précise Atos. En réaction, l’action Atos a bondi de 20% en Bourse ce lundi matin.

Ces derniers mois, Bertrand Meunier, qui avait sauvé son poste lors de l’assemblée générale de juin face aux attaques d’un actionnaire minoritaire, était la cible de critiques nourries. En cause, le projet de cession des activités historiques d’infogérance (maintenance des parcs informatiques) du groupe à Daniel Kretinsky.

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Annoncé en août, ce projet doit être soumis au vote des actionnaires avant la fin de l’année lors d’une assemblée générale extraordinaire du groupe aux 110.000 salariés dans le monde. Aucune date n’a encore été fixée. Deux actionnaires minoritaires, les fonds Alix AM et CIAM, ont même déposé plainte devant le parquet national financier (PNF), le premier pour corruption active et passive et le second pour «informations fausses ou trompeuses».

D’autres actionnaires minoritaires opposés à la vente, réunis dans l’association Union des actionnaires d’Atos constructifs (Udaac, qui dit représenter environ 2% à 2,5% du capital), préparent un «plan stratégique alternatif» sans cession. L’Udaac avait récemment indiqué vouloir agir en justice pour faire convoquer une assemblée générale dans les plus brefs délais, avec pour objectif la démission de Bertrand Meunier et le renouvellement du conseil d’administration.

La contestation a par ailleurs pris un tour politique: en août, 82 parlementaires LR ont appelé à maintenir Atos «sous le giron français», notamment car sa branche spécialisée dans les supercalculateurs est indispensable aux simulations d’essais nucléaires et à la dissuasion française. «Même si l’opération était menée à son terme, elle n’aurait aucune incidence en termes de contrôle ou de droit de blocage sur les activités sensibles», avait répliqué fin septembre la Première ministre, Élisabeth Borne.