Le verdict du juge Lewis Kaplan va tomber ce jeudi. Convaincu de fraude en novembre, Sam Bankman-Fried, «le roi déchu des cryptos», cofondateur de la plateforme d’échange FTX dont la faillite a durablement ébranlé tout l’univers des cryptomonnaies, doit connaître ce jeudi sa peine. En novembre dernier, un jury américain l’avait jugé à l’unanimité coupable des sept chefs d’accusation retenus contre lui, dont ceux de «fraude», «blanchiment» et «conspiration». Coupable d’avoir orchestré l’une des plus grosses fraudes financières de l’histoire américaine, laissant derrière lui une ardoise de 8 milliards de dollars et des milliers d’investisseurs démunis. Coupable aussi d’avoir utilisé, à leur insu, les fonds déposés par les clients de FTX pour couvrir les transactions et les placements à risque de sa société d’investissement, Alameda Research.

Les cinq semaines de procès avaient vu s’accumuler les témoignages accablants de ses anciens associés, dont celui de l’ex-directrice générale d’Alamada Research, Carolyn Ellison, ainsi que des milliers de documents mettant en lumière le montage mis en place sous l’impulsion du tout-puissant Sam Bankman-Fried. D’un côté, une plateforme d’échange FTX, qui promouvait la sécurité des actifs des clients à coups de grandes campagnes marketing sur les réseaux sociaux et à la télévision, engrangeant des milliards de dollars de fonds. De l’autre, une société d’investissement, Alameda Research, qui utilisait l’argent des clients de FTX pour prendre des positions risquées, acheter des biens immobiliers, prêter de l’argent à ses cadres ou faire des dons à des hommes politiques. Face à cela, Sam Bankman-Fried a toujours clamé son innocence, concédant seulement quelques «erreurs». Son audition au procès avait laissé un malaise.

Les procureurs américains espèrent une peine entre 40 et 50 années de prison. Une peine qui serait bien inférieure à celle de Bernard Madoff, auquel son nom est souvent associé dans le monde des escrocs financiers. Ce dernier avait été condamné en 2009 à 150 années de prison pour une fraude pyramidale qui avait fait perdre près de 65 milliards de dollars à 4800 clients. Il y est mort.

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Depuis le 11 août 2023, Sam Bankman-Fried est emprisonné au Metropolitan Detention Center de Brooklyn, où il devrait purger le reste de la longue peine à laquelle il devrait être condamné. Il partage depuis plusieurs mois sa cellule «VIP» avec l’ancien président du Honduras Juan Orlando Hernandez et l’ex-chef de la sécurité publique du Mexique, inculpés pour trafic de drogue. «SBF» n’y a pas d’accès à internet.

«Je pense qu’il est vraiment convaincu qu’il n’avait pas d’intention criminelle. Il n’est pas innocent mais il se sent innocent», expliquait récemment son biographe Michael Lewis, auteur de Going Infinite (éditions Broché) dans une interview aux Échos. «Monsieur Bankman-Fried continue de vivre dans l’illusion en prétendant que la possibilité pour les clients de l’échange de cryptomonnaies FTX, aujourd’hui en faillite, de récupérer leurs fonds signifie qu’il ne les a pas volés», déclarait la semaine dernière John Ray, le CEO chargé de récupérer le maximum de fonds de la plateforme FTX.

Sam Bankman-Fried ne risque pas de cumul avec d’autres peines puisqu’il n’y aura pas finalement de second procès, comme il en avait été un temps question. En décembre dernier, le procureur fédéral de New York avait renoncé aux poursuites pour financement politique illégal et corruption.